VIDEO. Ain : un album de 121 photos du procès de Nuremberg tiré de l'oubli, donné au Mémorial d'Izieu, va être dévoilé

Ce vendredi 15 octobre 2021, le musée-mémorial d'Izieu présente une version ressurgie du passé et entièrement restaurée d'un album photographique du procès de Nuremberg, à l'occasion d'un colloque consacré aux audiences de l'historique tribunal militaire international.

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C'est un document historique inestimable concernant le procès de Nuremberg que le Mémorial d'Izieu se prépare à dévoiler. Il s'agit d'un album constitué de 121 photos prises dans les coulisses et lors des audiences du tribunal de Nuremberg, sort de l'ombre après 75 ans.

Un album photos tombé dans l'oubli

Sur les clichés de ce procès historique qui s'est déroulé dans la ville bavaroise, entre novembre 1945 à octobre 1946, on peut notamment y voir Hermann Goering se cacher le visage face aux photographes en salle d'audience, puis surpris au milieu d'un repas entre deux sessions aux côtés du successeur désigné d'Hitler, Karl Dönitz et du "banquier" du Reich Walther Funk.

Les photographies avaient été rassemblées dans un album par les organisateurs américains du procès. Cet album avait ensuite été offert aux huit magistrats chargés de juger les plus hauts responsables nazis. Parmi ces juges, le français Henri Donnedieu de Vabres. Le livret, dédicacé par les sept autres juges américains, anglais et soviétiques, avait disparu des mémoires. Mais la famille Donnedieu de Vabres a retrouvé l'exemplaire français de l'album dans sa maison familiale des Cévennes.

Le télex de Barbie... 

La famille du magistrat a choisi de confier la restauration de l'album au musée-mémorial d'Izieu. Ce lieu a été l'ultime refuge de 44 enfants juifs et de leurs six éducateurs, raflés et déportés en avril 1944 sur ordre de la Gestapo de Lyon, commandée alors par Klaus Barbie. 

"Ce don prend un sens profond à Izieu. Le télex de Klaus Barbie revendiquant la rafle des enfants d'Izieu avait été produit au procès de Nuremberg par Edgar Faure. Cette preuve irréfutable du crime contre l'humanité s'est ensuite appliquée au procès Barbie, à Lyon en 1987", a expliqué Dominique Vidaud, directeur du musée-mémorial andinois. 

Ce télex signé de la main de Klaus Barbie avait été adressé de Lyon à Paris pour rendre compte de la rafle des enfants d'Izieu opérée le 6 avril 1944.  Le 5 février 1946, ce télex relatant la rafle des enfants et adultes de la colonie d'Izieu a été cité pour la première fois devant le tribunal militaire international de Nuremberg. Cette pièce a servi à établir le crime contre l'Humanité. Le Mémorial d'Izieu conserve le photostat de ce télégramme de Barbie.

Le don de cet album de photographies s'accompagne du versement des archives personnelles d'Henri Donnedieu de Vabres, dont dix-huit volumes des compte-rendus officiels du procès de Nuremberg.

"La résurgence de l'album de Nuremberg et le versement de ces archives ouvrent de nouvelles perspectives pour la recherche universitaire, ce qui renforce la vocation du mémorial d'Izieu de permettre un travail contemporain et vivant sur la mémoire", a précisé Dominique Vidaud.

Procès de Nuremberg, acte fondateur de la définition de crime contre l’Humanité

Le 8 août 1945, les gouvernements de la France, de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de l’Union soviétique ont signé l’Accord de Londres établissant le Statut du Tribunal militaire international (TMI), chargé de juger les grands criminels nazis. Ce procès de 22 hauts responsables nazis est resté dans l’histoire comme « le procès de Nuremberg », se déroule du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946. Il s'est tenu  symboliquement à Nuremberg, ville qui a été le théâtre des grandes manifestations du parti nazi.

Le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg est le premier texte de droit qui définit la notion de crime contre l’Humanité comme : « tout acte inhumain » tel que « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation (…) commis contre toute population civile avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux dès lors que ces actes ou persécutions ont été commis à la suite de tout crime entrant dans la compétence du Tribunal ».

 

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121 photos prises dans les coulisses et lors des audiences du tribunal de Nuremberg, sortent de l'ombre. ©FTV / INA

75 ans après la fin du procès de Nuremberg, la Maison d’Izieu propose des conférences inédites pour mieux comprendre le rôle de ce procès. L’album de photographies du juge Donnedieu de Vabres restauré avec le soutien du Consulat des États-Unis à Lyon y sera présenté pour la première fois. Lors du colloque de ce vendredi 15 octobre organisé à Izieu. Des historiens vont retracer les parcours des magistrats Henri Donnedieu de Vabres, Robert Falco et Delphin Debenest, membres de la délégation française. Chercheurs et avocats internationaux vont aussi revenir sur la complexe genèse de cette juridiction internationale lors de ces débats qui seront diffusés en direct sur le site internet du mémorial (www.memorializieu.eu).

 

Izieu, lieu de mémoire des enfants juifs exterminés

La maison d’Izieu, ouverte par Sabine et Miron Zlatin, a accueilli de mai 1943 à avril 1944 plus d’une centaine d’enfants juifs pour les soustraire aux persécutions antisémites. Au matin du 6 avril 1944, les 44 enfants et 7 éducateurs qui s’y trouvaient ont été raflés et déportés sur ordre de Klaus Barbie, chef de la Gestapo de Lyon. À l’exception de deux adolescents et de Miron Zlatin, fusillés à Reval (aujourd’hui Tallinn) en Estonie, le groupe a été déporté à Auschwitz. Seule une adulte en revient, Léa Feldblum. Tous les autres sont gazés dès leur arrivée.

Depuis un décret du président de la République de 3 février 1993, la Maison d’Izieu est, avec l’ancien Vélodrome d’Hiver et l’ancien camp d’internement de Gurs, l’un des trois lieux de la mémoire nationale des victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis avec la complicité du gouvernement de Vichy dit « gouvernement de l’État français » (1940-1944). Le mémorial d'Izieu est aujourd'hui un lieu de mémoire de la Shoah qui reçoit 30 000 visiteurs par an, dont 14 000 scolaires. C'est aussi un lieu de référence pour combattre toute forme de discrimination. 

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