Un nouveau spécimen de lynx boréal a été relâché le 19 mai dernier. Une opération encadrée par les services de l'Etat dans l'Ain. Seulement une centaine d'individus de cette espèce menacée seraient présents sur le territoire national.
Il attendait sûrement son déconfinement lui aussi : le jeune lynx de type boréal a été reconduit à proximité de l'endroit où il avait été recueilli en détresse à la fin 2019, dans le département de l'Ain. L'opération a été menée dans la plus grande discrétion, le 19 mai dernier.
Le lynx menacé
Si la date et le lieu ont été tenus secrets, c'est parce que l'espèce reste très menacée et est protégée sur le territoire français. Seule une centaine d'individus seraient encore présents dans nos forêts, notamment dans le massif jurassien. La manoeuvre a été très encadrée par les dispositions d’un arrêté ministériel du 12 mai 2017, contrôlées par les services de l'Etat, notamment la préfecture de l'Ain, la direction départementale des territoires (DDT) de l’Ain, les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que l’Office français de la biodiversité (OFB).
"Une bonne nouvelle pour l'espèce"
Selon la préfecture de l'Ain, ce relâcher serait "une bonne nouvelle pour une espèce toujours menacée". Seul grand félin sauvage présent en Europe, la sauvegarde et la préservation de cette espèce est donc primordiale en France.D'autant que ce gros chat à moustaches reste très vulnérable face à l'Homme, notamment dans l'Ain où il est encore présent.
"Notre département a donc une responsabilité particulière vis-à-vis de cette espèce. La régression de l’habitat forestier et la diminution des proies ont entraîné le déclin de l’espèce à partir du Moyen-Âge. Actuellement, les collisions routières représentent la cause la plus importante de mortalité" confie la préfecture de l'Ain dans un communiqué.
Ce retour à la nature intervient quelques semaines après la remise en liberté de deux autres individus les 23 et 29 avril derniers, dans le Doubs et le Jura. Des réinsertions qui se sont soldées par un triste constat : équipés de colliers émetteurs, l'un des deux lynx a été retrouvé mort le 1er mai dernier. Des investigations sont toujours en cours afin de déterminer l'origine du décès. En janvier et mars 2020, deux autres spécimens sont morts dans les Vosges et le Jura.
Le jeune mâle réintroduit dans l'Ain le 19 mai dernier, a lui aussi été retrouvé blessé en fin d'année 2019. Il avait été transporté puis soigné au centre de sauvegarde de la faune sauvage ATHENAS, dans le département du Jura.
Les services de l'Etat fondent leurs espoirs sur le «plan national d’actions» en faveur du lynx boréal, dont la DREAL Bourgogne-Franche-Comté et l’OFB assurent l’élaboration et la coordination.
Il est également rappelé que le lynx n'est pas une espèce dangereuse pour l'Homme. Et que sa traque ou son braconnage engendreraient une peine de 3 ans d'emprisonnement assortie de 150 000 € d'amende. Mieux vaut donc laisser ce gros chat tranquille.