Ain. Le destin en suspens d'une usine chinoise implantée en France

C'est l'histoire d'une entreprise chinoise qui a ouvert une succursale dans l'Ain quelques mois avant la Covid. Evidemment, la société de cosmétique n'a pas bénéficié des aides françaises. Depuis, elle vivote en faisant de la sous-traitance pour des européens.

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Au cœur du Parc Industriel de la Plaine de l'Ain, à Blyes, un visage asiatique parfait accueille les visiteurs sur le parking de "Dowell & Yidai". L'immense affiche enveloppe l'entrée d'une usine de quelque 3300m2. C'est une ancienne actrice taïwanaise, Chang Ting, qui porte le slogan : "L'amour toute la vie". Elle est associée sur ce projet à Lin Rui-Yang, autre acteur taïwanais qui a basculé dans les affaires. Le couple a construit sa richesse en Chine grâce à la vente de crèmes blanchissantes et à l'immobilier. 

Fin septembre 2019, ils étaient venus dans l'Ain pour inaugurer ce site, accompagnés d'une centaine de revendeuses de leurs produits. Des influenceuses chinoises qui vivaient "un rêve tricolore" l'espace de quelques jours. Pour l'occasion, des intérimaires français jouaient les figurants dans des laboratoires quasi déserts. Les techniciens bataillaient encore avec les modes d'emploi des machines... en Mandarin.  

Depuis, l'usine aurait dû grossir. 6 millions d'euros y ont été investis. 80 salariés devaient produire de la cosmétique "made in France" pour le marché chinois (marque TST Tin'Secret).

Seulement, en ce mois de janvier 2021, il n'y a qu'une douzaine d'employés. Ils ne travaillent même pas pour la Chine mais pour des entreprises europénnes. C'est le responsable du site, Jacques Lin qui a trouvé ces contrats, histoire de ne pas fermer boutique. "On a même fait du gel hydroalcoolique", ajoute-t-il dans un français haché.

La Covid est passée par là. Les échanges commerciaux sont réduits depuis. "Le prix du transport est devenu très très cher, explique Jacques Lin, multiplié par 3." 

Pour lui permettre de traverser la crise, les actionnaires ont versé 650.000 euros l'été dernier. Mais avec des charges fixes qui avoisinent les 80.000 euros par mois, on voit mal comment le site aurait pu tenir s'il ne s'était pas mué en sous-traitant et Jacques Lin en commercial.   

Toutefois, les salariés présents gardent le cap. "Moi, je ne perds pas espoir, nous on continue à préparer des formules pour la Chine", détaille Isabelle Verdelet, la responsable du laboratoire.

Reportage tourné le 5/01/21

 

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