"C'est un jour de victoire !" a lancé le jeune Mamadou Yaya à la sortie de la préfecture de l'Ain, mercredi 3 mars. Il n'est désormais plus menacé d'expulsion.
La préfecture de l'Ain a renoncé mercredi à l'expulsion imminente d'un jeune migrant guinéen, Mamadou Yaya Bah, en lui remettant un récépissé de demande de titre de séjour d'une validité de six mois, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le jeune homme bénéficiait du soutien d'une boulangère du département, Patricia Hyvernat, qui avait mené une grève de la faim de 15 jours pour pouvoir le prendre en apprentissage. "C'est un jour de victoire", a déclaré M. Bah, 20 ans, à sa sortie de la préfecture, récépissé en main brandi, après avoir serré dans ses bras Mme Hyvernat, sous les applaudissements d'une dizaine de soutiens.
La préfecture de l'Ain a justifié auprès de l'AFP le réexamen du dossier "suite à la formalisation d'une promesse d'embauche" auprès de ses services "par Mme Hyvernat, pièce essentielle prouvant la bonne intégration professionnelle de M. Bah". Sa décision annule de facto l'obligation de quitter le territoire français qui pesait sur le jeune homme. "C'est une nouvelle vie qui s'annonce pour lui", a affirmé Mme Hyvernat, en remerciant les médias présents pour avoir "fait exister" sa cause.
Mme Hyvernat assume s'être inspirée de Stéphane Ravacley, un boulanger du Doubs qui en début d'année, avait lui aussi entamé une grève de la faim pour permettre la régularisation de son apprenti guinéen menacé d'expulsion. "C'est quelqu'un que j'admire et qui m'a donné des conseils pour tenir", précise encore l'artisane. M. Bah et Mme Hyvernat étaient attendus en fin de matinée au CFA d'Ambérieux-en-Bugey pour procéder à l'inscription du jeune homme. "Le projet, c'est qu'il reprenne notre boulangerie d'ici à cinq ans", espère Mme Hyvernat, installée à La-Chapelle-du-Châtelard, un village de 390 habitants. "Mais je veux aussi que, d'ici là, il vive sa vie de jeune, cette adolescence qu'il n'a pas eue".