C'est une expo rare, une expo événement qui débute en ce mois d'octobre au Monastère de Brou à Bourg-en-Bresse. 24 musées de toute l'Europe ont prêté des oeuvres de Georges Michel. Un peintre de paysages du 19e siècle, méconnu, et qui pourtant influença ses successeurs comme Van Gogh.
Ses nuages sont menaçants. On y devine l'orage qui s'annonce, parfois la pluie violente. Ce ciel tourmenté était une obsession pour Georges Michel. 1763-1843, la vie du peintre fut remplie de déceptions. Un peintre "maudit" dont les salons refusaient parfois les oeuvres car ses tableaux ne racontaient pas d'histoires mais décrivaient toujours un paysage sombre avec une pointe de lumière. A la manière de la peinture hollandaise du 17e.
L'homme n'a pas mal vécu, il a travaillé à côté de la peinture, mais a sûrement manqué de reconnaissance. Elle est venu vers 1870, trop tard pour lui, à point pour les autres. Van Gogh le découvre, s'applique à caler son pinceau sur les tourments du Maître. Cela nous donne ces cumulus entrelacés où Vincent a ajouté les corbeaux.
Reportage Franck Grassaud et Arnaud Jacques
A la recherche des oeuvres de Michel
La co-commissaire de l'expo, Magali Briat-Philippe, a fait travailler un comité scientifique sur les oeuvres attribuées à Georges Michel. Le peintre n'était pas du genre à signer ses toiles, "la peinture parle d'elle-même", disait-il. Elle parle, mais elle ne dit pas forcément son nom, d'autant que lors de sa grande vogue, des copistes s'en sont donnés à coeur joie. Il fallait donc y voir clair avant d'exposer. 58 oeuvres se retrouvent aujourd'hui sur les murs du Monastère de Brou, avant de monter à Paris fin janvier (à la Fondation Custodia dans le 7e).Effets de lumières, ciels agités, paysages mélancoliques… l'émotion passe et c'est bien là l'essentiel.