Elles ne se connaissaient pas avant la crise, se croisaient parfois dans une réunion mais étaient loin d'imaginer qu'elles allaient, ensemble, se constituer un stock de masques, de blouses... C'est leur "trésor de guerre" contre la Covid-19. Gros plan sur ces infirmières libérales de l'Ain.
L'histoire est partie d'un groupe whatsapp. Ce réseau social très utilisé par les infirmières libérales, celles qui travaillent à plusieurs et qui s'envoient ainsi des messages tout au long de la journée pour connaître l'avancée des soins, trouver des solutions entre elles, voire se remonter le moral. Cette fois, le groupe s'est élargi. Lancé par Alexa Mazzelli à Bourg-en-Bresse, il compte désormais plus d'une soixantaine de membres du département de l'Ain (leur contact à la fin de cet article).
Face à la pénurie de matériel médical, les soignants se sont lancés dans la recherche éperdue de masques, de blouses, de visières et de gel hydroalcoolique. "A plusieurs, je savais qu'on allait y arriver", explique Alexa. Et c'est un collectif infirmier qui s'est improvisé.
"On a fait jouer nos contacts. On a alerté la Presse locale, et peu à peu les dons sont arrivés. Des peintres en bâtiment nous ont donné des blouses. On a récupéré une partie du stock de masques des transports en commun de Bourg, l'Ordre infirmier Ain-Isère nous en a aussi fournis. Des garagistes et des concessionnaires nous ont donné des houses de protection pour l'intérieur des voitures, il y a même eu deux jeunes qui nous font des visières avec des imprimantes 3D."
Lundi 6 avril, une équipe de France 3 Rhône-Alpes a rencontré quelques unes de ces infirmières alors qu'elles préparaient les commandes de leurs confrères et consoeurs. Une entreprise du monde médical leur a prêté un local dont l'adresse reste secrète. "Faudrait pas qu'on nous pique le stock! on ne sait jamais", lance Géraldine Pons qui place le matériel médical dans de gros sacs plastique.
La distribution ne se fait pas dans le même lieu. Pour maintenir les distances, c'est sur un parking que ces professionnelles se retrouvent.
"T'avais demandé des sprays désinfectants et des lingettes, malheureusement on n'en a pas", justifie Géraldine alors qu'elle remet le précieux sac à une infirmière. "C'est déjà énorme!". La réponse de cette libérale, qui met rapidement sa dotation dans son coffre de voiture, en dit long sur le manque de matériel de protection dont souffrent les infirmières de ville et de campagne actuellement.
"On commence à avoir des masques dans les pharmacies mais au compte-gouttes. On a une collègue qui est en arrêt maladie et qui appelle les officines pour qu'on les récupère facilement, qu'on ne perde pas de temps", détaille Alexa Mazzelli. C'est un vrai collectif qui est en action.
"On doit réutiliser"
Une profession qui se sait en danger, qui tente de l'oublier pour faire bonne figure auprès de tous les malades. Une profession qui doit malgré tout composer avec la pénurie. "Nous par exemple, lorsqu'on a un Covid on laisse notre blouse chez lui, près de la porte. On n'a pas le choix, on doit réutiliser. On change juste le masque FFP2."Le reste du temps, elles composent, ne changent pas toujours leur masque chirurgical comme elles devraient. Vigilantes, elles jaugent sans cesse le risque. "On a quand même des familles, on rentre à la maison chaque soir, notre premier souci c'est de ne pas les exposer."
Reportage
>>> Si vous avez du matériel, vous pouvez contacter Alexa au 06.36.36.63.10 ou par mail : mazzelliidel01@gmail.com ou l'une de ses collègues lolita.1811@hotmail.fr