La mission centenaire est la première à s'en étonner. La Grande Guerre génère un engouement sans précédent. Chaque village a fait son exposition pour rendre hommage aux poilus locaux. C'est visiblement l'une des périodes qui a, en France, la plus grande résonance dans les mémoires populaires.
Il suffit de traverser les villages de l'Ain pour se rendre compte d'un besoin d'Histoire. Dans les salles des fêtes, dans les mairies... partout, une expo est organisée. Certaines ont démarré depuis quelques jours, d'autres seront ouvertes uniquement le week-end du 10-11 novembre. "On se rapproprie nos poilus", lance une élue, "ce ne sont pas des soldats inconnus, certains ont leurs descendants qui vivent encore ici."
Ainsi, à Hautecourt-Romanèche, on a vu les choses en grand. La salle des fêtes est entièrement monopolisée par les souvenirs. Il y a d'abord un hommage aux femmes, "elles ont fait marcher la boutique quand leurs maris étaient au front", explique une des organisatrice. Il y a aussi des portraits, des objets de la Grande Guerre fournis par les villageois. Et puis, il y a toutes les recherches de l'historien local, Pierre Béréziat qui a passé 18 mois à redonner vie aux poilus décédés.
Reportage Franck Grassaud et Marie-Lou Robert
A chaque village son expo... l'engouement pour 14-18 est marqué en milieu rural. Il s'agit de renouer le lien avec les poilus d'ici.
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Certes, la présentation n'est pas digne d'un musée du XXIe siècle, mais Pierre a privilégié les photos, "pour les enfants". Comme l'école est à côté, ces enfants passent de longs moments ici. "Ils retrouvent les noms de certains de leurs parents, et découvrent ainsi que le destin de leur famille est intimement lié à 14-18", remarque Pierrick Desgouilles, professeur des écoles.
A une quarantaine de kilomètres, la petite commune de Saint-Sulpice rend aussi hommage aux siens, dans une salle de la mairie. Elle a la chance d'avoir un archiviste parmi ses habitants. Louis Michel a donc préparé une exposition richement documentée, appelée à "voyager" ensuite, notamment aux Archives Départementales. On y découvre, là encore, une carte d'identité précise des engagés "morts pour la France" ou qui se sont illustrés. Au centre, sur une grande table, des habitants ont déposé des armes, des carnets, tout ce que les greniers gardaient de la Première guerre mondiale.
"Il s'agit, certes, d'un devoir de mémoire, mais aussi de montrer ce que la guerre apporte en douleur", explique Clotilde Fournier, la maire, qui pense aux familles décimées durant le conflit, "7% des habitants de notre village ont disparu".