Quelques jours après qu'un immense cortège a défilé dans les rues du village de Crozet (Ain), pour réclamer la vérité sur le décès de Loïc Goudard, -mort en Espagne-, une autre affaire met en lumière les failles de la Guardia Civil.
Officiellement, Loïc Goudard est mort le 1er juillet à Magaluf, aux Baléares. Il aurait mis fin à ses jours en se jetant du 7e étage d'un hôtel. C'est la version de la Guardia Civil. Mais le jeune homme de 19 ans, originaire de l'Ain, était loin d'être suicidaire. Il avait pour projet de reprendre l'élevage de volailles familial, il faisait des études pour ça, il avait une petite amie, et était parti avec des potes pour ce voyage. Les gendarmes de Gex, qui ont mené une enquête de personnalité, n'ont trouvé aucun témoin évoquant un quelconque mal-être.
Depuis, la famille de Loïc mène donc bataille pour connaître la vérité. Ont-ils raison de douter des conclusions espagnoles ? Une actualité met en tout cas en lumière de graves défaillances dans les enquêtes locales aux Baléares.
Les "deux morts" ?
Ce titre, les "deux morts" de Loïc Goudard, s'inspire d'un titre de la presse espagnole qui a ainsi révélé, le 17 décembre, qu'une jeune femme retrouvée morte au pied d'un immeuble aux Baléares, y avait en fait été poussée. La Guardia Civil avait pourtant conclu à un suicide.
Martina était italienne, et devant l'insistance de ses parents, une enquête parallèle a été menée par la police de son pays. Bilan, deux jeunes hommes, des Italiens également, viennent d'être condamnés à 6 ans de prison. Ils ont provoqué la mort de Martina, qui a sauté du 6e étage, pour tenter d'échapper à un viol.
Sur le fond, l'affaire n'a évidemment rien à voir avec celle de Loïc. Mais sur la forme, elle questionne sur la rapidité avec laquelle les autorités espagnoles concluent au suicide.
Durant cet été 2018, deux autres touristes étrangers sont morts dans des conditions similaires à Magaluf. Suicide ou "balconing", sont les conclusions qui reviennent. Le "balconing" est effectivement un phénomène dangereux connu aux Baléares. Des jeunes sautent de toit en toit jusqu'à la piscine. Dans le cas de Loïc, la thèse semble à écarter, puisqu'il était seul au moment du drame, et n'avait personne à épater.
Les thèses
Reste l'accident. Loïc a sauté depuis le couloir d'un hôtel, où la fenêtre avec rambarde est à plus d'1m20. Se sentait-il menacé pour décider ainsi de l'enjamber ?
C'était la première soirée de Loïc dans la station balnéaire. Alcoolisé (1g33 selon les analyses toxicologique), mais pas drogué, il n'était pas dans son hôtel au moment du drame. Il avait malgré tout décidé de monter aux étages, passant outre les explications du réceptionniste. L'avait-il compris ? Au 7e, a-t-il accepté son erreur et décidé de sortir de l'impasse en sautant ? Etait-il poursuivi par des gens de l'hôtel ou d'autres ? Y a-t-il un événement précédent cette scène que l'on ne connaît pas ? Une bagarre en ville ? Les touristes sont souvent dans "un état second" lors des soirées à Magaluf, pays de la fête. On sait aussi la population très énervée à l'égard de ces jeunes vacanciers alcoolisés, responsables de nuisances incessantes.
Le procureur de Bourg-en-Bresse vient de classer la plainte des parents de Loïc sans suite. Eux continuent les recherches, ont pris des avocats, pour savoir comment leur fils est mort.
Présente lors de la marche du 16 décembre à Crozet, la députée LaRem Olga Givernay, entend se saisir de l'affaire de Loïc. Pour elle, c'est une "question de sécurité pour nos enfants dans l'espace européen".