La Fédération de pêche de l'Ain vient de porter plainte contre l'Agglomération de Bourg-en-Bresse. En cause, une pollution dans la Reyssouze. La rivière a été souillée par les boues d'une station d'épuration. Les élus plaident non coupables et pointent du doigt un prestataire : le groupe Suez.
Sur les berges de la Reyssouze, Christian Foilleret ne décolère pas. Son seau, en guise d'épuisette improvisée, est plein à ras bord d'une matière lourde, sombre et visqueuse. "Regardez, ce sont les boues de la station d'épuration. C'est un très bon engrais, mais il n'a pas à être dans la rivière !".
Au sud de la plaine de Bresse serpente la Reyssouze. Le cours d'eau traverse une vingtaine de communes, comme Montrevel-en-Bresse, Pont-de-Vaux ou encore Bourg-en-Bresse. Il est apprécié des pêcheurs. À Jayat, Christian Foilleret est l'un des plus fervents défenseurs de la petite rivière aindinoise.
Une station d'épuration pointée du doigt
Le pêcheur est persuadé que la pollution du cours d'eau vient d'une station voisine de traitement des eaux usées. Un trop-plein aurait fait déborder les boues d’épuration dans la Reyssouze. Si l'eau qui s'écoule est aujourd'hui bien claire, il y a peu, l'eau était bien noire. Le pêcheur a fait des photos et fait des constats aussi : les cygnes boudent certains secteurs de la rivière.
Une plainte a été déposée auprès de l’Office Français de la biodiversité. Christian Foilleret est aussi administrateur de la fédération de pêche de l'Ain. Il pense en premier lieu au danger pour les poissons. La pollution met en danger le patrimoine piscicole local. Mais aussi la santé des pêcheurs : "si l'eau est contaminée par des streptocoques fécaux, on peut contracter des maladies avec une coupure par exemple", explique-t-il.
Changement de délégation
En charge de l'eau, l'agglomération de Bourg-en-Bresse a déjà été mise en demeure sur cette station, même si l'assainissement est délégué à une entreprise extérieure. "Aujourd'hui, dans beaucoup de boîtes, on met le minimum de personnes engagées... jusqu'à ce que ça disjoncte. Et là, ça a disjoncté ! C'est tout", explique-t-il fataliste.
Le délégataire n’a pas souhaité réagir dans ce reportage. Quant au groupe Suez, il a réservé sa réponse à son client : l’agglomération de Bourg-en-Bresse. La collectivité, par la voix de son vice-président Jonathan Gindre, "déplore très fortement" cette situation. "Nous sommes très sensibles aux enjeux environnementaux et il est inacceptable de voir des déversements de boues dans la rivière de la Reyssouze".
Jonathan Gindre, s’étonne d’une forme de désinvolture. "Nous avons questionné le délégataire sur le sujet qui nous a expliqué simplement avoir un arrêt de la filière de traitement des boues depuis le 6 octobre. Sauf qu'aujourd'hui, il n'est pas en mesure de nous expliquer pourquoi, ni pourquoi il ne nous a pas fait un retour d'information pour qu'on puisse agir et prévenir cet incident" explique le Vice-Président de Grand Bourg Agglomération. C'est la DDT qui a averti l'agglomération.
"On note un manquement que l'on déplore et nous allons demander des comptes à notre délégataire Suez". Et Jonathan Gindre annonce du changement : "C'est une délégation qui va s'arrêter en fin d'année. Nous avons un changement de prestataire à partir du 1ᵉʳ janvier".
Perdue dans la brume, si la tranquille Reyssouze retrouve peu à peu sa couleur naturelle, les pêcheurs restent vigilants.