La circonscription de la Dombes, dite aussi circonscription de Bourg-en-Bresse sud ou de la Dombes offre un paysage bouleversé ces dernières semaines avec Stéphane Trompille, le député sortant, ex-LREM, qui part en dissidence. Avec 4 autres candidats, il était présent sur le plateau de France 3 Rhône-Alpes pour débattre.
La quatrième circonscription de l’Ain est la plus à l’ouest du département. Elle est dite de Bourg-Sud ou de la Dombes. C'est une circonscription plutôt rurale qui regroupe les cantons de Châtillon/Chalaronne, Vonnas, une partie des cantons d'Attignat, Villars-les-Dombes, Replonges, Bourg-en-Bresse 2 et Ceyzeriat.
Cinq des douze candidats à la législative sont présents sur le plateau de France 3 Rhône-Alpes, pour un débat conduit par Paul Satis et François Le Stir, journaliste politique du Progrès.
Le débat à suivre à partir de 14h30. Et sur l'antenne de France 3 Rhône-Alpes (à l'exception de La Loire) à partir de 17h45.
Ce qu'il faut retenir du débat
C'est un débat animé qui s'est déroulé sur le plateau de France 3 Rhône-Alpes. Les échanges débutent fort avec la situation du député sortant de la circonscription voisine : Damien Abad. Une affaire qui a secoué le département même si le député sortant de la 5e circonscription semble conserver une bonne cote de popularité dans l'Ain selon François Le Stir.
A la question "Damien Abad devait-il démissionner ?" Aurane Reihanian, le candidat LR, attaque d'entrée : "Je distingue les condamnations médiatiques et les condamnations judiciaires. Damien Abad est un justiciable comme un autre, ni au-dessus, ni en-dessous des lois. Mais quand il y a une condamnation judiciaire, j'estime qu'un élu doit démissionner de ses mandats et ne doit plus se représenter à une élection. Aujourd’hui autour de cette table, deux personnes ont été condamnées. En terme d'exemplarité, ils sont disqualifiés dans le cadre de cette élection".
Jérôme Buisson, candidat du RN a été condamné par le tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse.
Le candidat du Rassemblement National Jérôme Buisson réplique aussitôt : "Je vais répondre vu que Monsieur Reihanian a mis les pieds dans le plat. Effectivement, j’ai été condamné pour diffamation dans un différent qui m'opposait à Aurane Reihanian. J'ai été condamné pour des propos tenus par un autre sur une page Facebook. J'ai été condamné pour avoir défendu la liberté d’expression d’un de mes co-listiers. et j'ai été solidaire mais je n'étais pas l'auteur des propos". Le candidat RN réplique à son tour : "je préfère être condamné pour diffamation plutôt que d'être accusé dans la presse de harcèlement sexuel, ce qui est déjà arrivé plusieurs fois à Monsieur Reihanian".
Puis, c'est le député Stéphane Trompille qui prend la parole pour répliquer à l'attaque en règle du candidat LR : "J'ai été condamné par le conseil des prud’hommes pour licenciement abusif et harcèlement sexuel. Ce n'est pas un tribunal pénal. J'ai fait appel. C'est un litige employeur-employé. A mon tour, j’ai porté plainte pour faux témoignage et usage de faux témoignage, la justice est en cours."
Damien Abad, transfuge des LR, quid du soutien politique du candidat LR au député sortant de la 5ème circonscription de l'Ain ? A la question qui fâche de Jérôme Buisson, Aurane Reihanian campe sur ses positions sans répondre :
« J'estime quand on a été condamné, on est disqualifié en politique, disqualifié aux yeux des habitants du territoire (...) On se doit de se mettre en retrait quand on a été condamné ».
Aurane Reihaniancandidat LR
L'autre sujet de friction, dans le camp de la majorité : l'investiture d'Isabelle Seguin face au député sortant ex-LREM. Le communiqué de Renaissance a lâché le terme "usurpation" pour désigner tout autre candidat qu'Isabelle Seguin qui se revendiquerait de cette étiquette politique. Entre échanges acerbes et petites phrases...
A propos de son investiture d'Isabelle Seguin se justifie «Je suis adoubée par la majorité présidentielle. J’ai toute la confiance de cette majorité. Je suis pas nouvelle sur le terrain depuis 2017». « Je ne sais pas où vous êtes mais je ne vous ai pas vu souvent,» retorque Stéphane Trompille. "Pour la majorité présidentielle, où étiez-vous ? où étiez-vous pour les européennes, où étiez-vous pour les municipales, où étiez-vous pour les régionales ?", énumère le député sortant.
"J'ai été une femme engagée, j'étais sur le terrain, sur les marchés...et puis j'ai crée ma société, je suis acteur de l'économie locale, je suis une femme engagée auprès de la population, " se justifie la candidate.
Pourquoi Stéphane Trompille n'a pas été retenu pour représenter Renaissance ? "Une quarantaine de députés n'ont pas été réinvestis. Quant à moi, aucune explication ne m'a été donnée. On est sur de sombres manœuvres", explique le député sortant énigmatique. Il se défend de toute manigance ou tentative d'usurpation : "Je me présente en tant que candidat libre, issu de la majorité présidentielle et soutien du président de la République. Je n'ai nullement sur mes affiches 'Ensemble', 'Avec Vous' ou 'soutenu par le Président de la République', je suis toujours adhérent de Renaissance", résume Stéphane Trompille qui indique devoir passer devant une commission des conflits prochainement. La candidate Renaissance réplique, l'accusant :
Je suis là parce que la place était vide. Aujourd'hui vous n'êtes pas investi. Je suis la candidate. Voyez l'image que vous donnez de dissensions. Je crois savoir que n'avez plus la confiance du gouvernement depuis 2020 déjà ! Aujourd'hui vous êtes un dissident.
Isabelle Seguincandidate Renaissance
Qui sont les invités du débat ?
>> Le député sortant Stéphane Trompille, 39 ans, est candidat à sa réélection mais sans étiquette. Il avait été élu en 2017 sous l'étiquette macroniste. Il se présente cette année sans bannière faute d'investiture par Ensemble.
>> Isabelle Seguin, 60 ans, s'est engagée sous les couleurs du parti présidentiel, avec l'étiquette Renaissance (anciennement LREM). Elle se retrouve investie face à un ancien candidat du parti de la majorité présidentielle. Mais la candidate aux législatives 2022 offre un profil peu ordinaire. L'habitante de Villars-les-Dombes est une ancienne gagnante de télé-réalité. Elle se présente comme "une femme engagée".
>> Philippe Lerda, candidat LFI investi par la coalition NUPES. La présence d'un candidat PRG pourrait le priver de précieux bulletins.
>> Jérôme Buisson, déjà conseiller régional, est le chef de file du parti RN dans l'Ain. Le candidat entend défendre les mêmes thèmes que Marine Le Pen : l’économie et le pouvoir d’achat, la sécurité, une immigration choisie, la réindustrialisation, la défense de l’agriculture, de l’élevage et de la pisciculture dans la Dombes. La lutte contre la désertification médicale est également un des thèmes majeurs du candidat.
>> Aurane Reihanian, avocat de formation, le conseiller municipal de la minorité à Bourg-en-Bresse représentera les Républicains lors des élections législatives, les 12 et 19 juin, sur la 4e circonscription. Le Burgien de 29 ans souhaite battre le député élu en 2017, Stéphane Trompille. Le candidat LR est soutenu par la majorité régionale de Laurent Wauquiez et la majorité départementale de Jean Deguerry. Il se dit également soutenu par une trentaine de maires de petites et grandes communes. Candidat aux élections municipales de Bourg-en-Bresse en 2020, l’ancien président des Jeunes Les Républicains était arrivé en deuxième position, derrière le maire actuel, en glanant 20,61 % des voix.
Pour comprendre le contexte
C'est une circonscription qui est historiquement marquée à droite et au centre. Sur ce territoire, les performances de la gauche sont faibles. A contrario, le Rassemblement National y réalise des scores très hauts. Lors de la présidentielle d'avril 2022, on a largement voté en faveur d'Emmanuel Macron dans cette circonscription aindinoise.
Deux enjeux forts marquent aujourd'hui ce scrutin : l'affaire Damien Abad et le cas Stéphane Trompille.
Concernant Damien Abad, nommé ministre vendredi dernier, le député sortant de la 5e circonscription de l'Ain est plongé dans la tourmente. Le parlementaire est visé par deux accusations de viols. Des faits publiquement contestés par l'élu. Même si la 4e de l'Ain, n'est pas sa circonscription, il reste la personnalité politique centrale du département de l'Ain. Quel impact aura l'affaire Abad sur le scrutin législatif ? Ce mercredi après-midi, le parquet de Paris indiquait qu'il n'ouvrait pas d'enquête préliminaire en l'état estimant ne pas disposer "d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés", a-t-il indiqué mercredi.
Et puis il y a aussi cette fracture dans le camp de la majorité présidentielle, rien ne va plus. Le député sortant Stéphane Trompille se présente devant les électeurs de la 4e circonscription de l'Ain sans étiquette. " Ensemble", la coalition présidentielle pour les législatives, a investi une candidate face au député sortant. Le choix de la majorité présidentielle s'est porté sur Isabelle Seguin, une ancienne gagnante du jeu télévisé Koh-Lanta en 2003. Stéphane Trompille n’a pas obtenu l’investiture du parti présidentiel mais il a maintenu sa candidature face à Isabelle Seguin.
Le député sortant a-t-il fait les frais d'une procédure devant les prud'hommes entamée en mai 2020 ? Il a été condamné pour harcèlement sexuel et licenciement d'une ancienne collaboratrice chargée de sa communication et de ses relations presse, par le conseil des prud'hommes de Bourg-en-Bresse. Le député a fait appel de la décision.
Cette division au sein du camp de la majorité rend l’issue du scrutin législatif très incertaine. Le parti d'Emmanuel Macron risque-t-il de perdre cette circonscription décrochée en 2017? Jérôme Buisson, le représentant départemental du Rassemblement national, va-t-il profiter de ces divisions pour entrer au palais Bourbon. Le camp LR va-t-il ravir cette circonscription à la majorité présidentielle ?
Rappel des législatives de 2017
La 4e circonscription de l'Ain avait basculé dans le camp LREM grâce à Stéphane Trompille. Ce dernier, étiqueté Marcheur, avait emporté le scrutin au second tour en s'imposant très largement devant la candidate Front National Blanche Chaussat. Le candidat LREM avait été crédité de 64,50% des voix contre 35,50% à son adversaire. Stéphane Trompille avait surfé sur la vague LREM, qui avait emporté une grande partie des circonscriptions françaises il y a 5 ans.
Dans cette circonscription, le candidat LR n'avait pas été qualifié pour le second tour, avec 16,68% des voix. Pour ces élections législatives 2022, Guy Billoudet, vice-président du Département et candidat LR malheureux en 2017 face à Stéphane Trompille, a renoncé à se présenter après avoir un temps laissé planer le doute. Ce dernier ne souhaitant pas "ajouter plus de division". Il laisse place à un candidat de 29 ans et figure de la relève.
Les autres candidats en lice
>> Benoît de Boysson (Reconquête!), le candidat est le chef de file départemental du parti d'Eric Zemmour.
>> Sylvain Cousson (Lutte Ouvrière)
>> Ali Benmedjahed (PRG)
>> Annick Veillerot (Debout la France)
>> Alban Defrasne (Parti Pirate)
>> Nicolas Favre (Parti Animaliste)
>> Sacha Forca (Le Mouvement de la Ruralité)
Un territoire dans l'ombre des grandes métropoles :
La 4e circonscription de l'Ain est un vaste territoire qui compte 129 000 habitants. 49% d'entre eux sont des actifs ou des personnes en recherche d'emploi, légèrement au dessus de la moyenne nationale (46;7%). 85% des habitants utilisent la voiture pour se rendre au travail. 78% des actifs travaillent en dehors de leur commune (contre 65% au niveau national). C'est un département populaire.
Ce secteur à l'ouest de l'Ain comporte un millier d'étangs artificiels. Il faut rappeler que la Dombes est la première région piscicole de France. Le département de l'Ain subit depuis plusieurs semaines une sécheresse particulièrement rude qui a imposé des mesures très strictes. Les enjeux sont importants car ce secteur de l'Ain est aussi un poumon économique qui génère une forte fréquentation touristique, notamment avec le Parc des Oiseaux à Villars-les-Dombes…
Dans cette circonscription, les habitants sont confrontés à des territoires un peu oubliés. Ils rencontrent des problèmes récurrents de pénurie de médecins et d’accès aux soins. Cette population qui travaille et se déplace beaucoup ne dispose pas d'une offre de transport à la hauteur, et souffre particulièrement de l’inflation. Quel rôle peut avoir le député ? Comment peut-il agir sur besoins du territoire ?