Grippe aviaire : 5 questions pour comprendre l'enjeu de la vaccination des volailles de Bresse

Face à l’épidémie de grippe aviaire, les professionnels de la volaille de Bresse s’interrogent. Que faut-il faire en plus de contenir les animaux dans les bâtiments afin d’éviter la transmission du virus d’élevage en élevage. Entretien avec le docteur Patrick Chabrol, vétérinaire référent du centre de reproduction des volailles de Bresse de la Bechanne (Ain)

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Le Docteur Patrick Chabrol, vétérinaire référent du centre de reproduction des volailles de Bresse de la Bechanne (Ain), par ailleurs proche du CIVB, apporte un éclairage sur la situation actuelle relative à la grippe Influenza. Il alerte sur l'importance de lancer la vaccination qui pourrait limiter la transmission de la maladie. Les explications en 5 points. 

Pourquoi la vaccination des volailles arrive si tardivement?

 

"Le problème est d’ordre règlementaire", fait remarquer le vétérinaire. Ce n’est pas une question de tabou. "La réglementation autour de la grippe aviaire, l’Influenza, régule les marchés sur le plan économique".

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Interview docteur Patrick Chabrol, vétérinaire référent du centre de reproduction des volailles de Bresse de la Bechanne (Ain) ©France TV

Ainsi, un pays qui n’est pas indemne de la grippe aviaire n’a pas le droit d’exporter ses volailles si elles sont vaccinées. Parce que paradoxalement, si l’on vaccine les volailles, c’est jugé comme étant suspect. Bref, on ne marche pas que sur des œufs, on marche sur la tête.

C’est d’ailleurs, totalement analogue avec les bovins et la fièvre aphteuse. On  parle du principe de sécurité maximale, que l’animal soit vivant ou qu’il s’agisse de denrées mortes comme de la viande. Parce que l’idée est que le virus peut être présent à l’intérieur.

  La vaccination peut-elle se concentrer sur un pays ? 

Lancer une campagne de vaccination en France seulement tient de l’utopie. Cela ne peut s’envisager que si la réglementation suit au plan international. C’est cet aspect qui constitue le frein majeur à une mise en place de la vaccination à grande échelle, au niveau international. Mais compte-tenu de l'ampleur de l'épidémie "cette vaccination est nécessaire. D’abord parce qu'avec le changement climatique, la grippe aviaire circule toute l’année et plus seulement en hiver. Bref, on ne sait plus la stopper.

Et sur le plan économique, car il n’est pas certain que l’Etat puisse continuer à verser des indemnisations aux éleveurs pour leurs pertes subies. D’où une inquiétude supplémentaire pour les professionnels.

Même si la vaccination devient possible, elle n’arrêtera pas la propagation du virus en tant que tel. Cela permettra de limiter son expression et l’ampleur de l’épidémie dans les foyers. Il est possible d’espérer une meilleure maitrise de sa circulation.  

Le virus explose quand il passe d’un élevage à l’autre. La vaccination pourrait ralentir le nombre de virus circulants.

 

La volaille de Bresse va-t-elle pâtir des interdictions? 

La volaille de Bresse est sensée consacrer une part importante de sa vie en extérieur. Cela figure en tête des caractéristiques du cahier des charges de l’appellation. Or, dans le contexte actuel, la claustration empêche les poulets de se nourrir dans l’herbe, au fil de ses sorties. C’est vrai aussi pour les poulets élevés en plein air. Se pose d’ailleurs la question du sens "élevé en plein air". 

C’est fondamental pour les éleveurs de Bresse. Même si on allait vers une campagne de vaccination, le vétérinaire souligne que l’on ne pourra pas faire n’importe quoi. "Il faudra respecter les mesures de biosécurité, comme les précautions obligatoires prises quand on passe d’un hangar à un autre. Ce n’est pas parce que vous chaussez votre voiture de pneus neufs que vous avez le droit d’ôter la ceinture."

Y a-t-il un risque de transmission à l'homme ? 

Le H5N1 qui a circulé en  2006 avait entraîné une grande inquiétude chez les responsables politiques. Ce virus, qui trouvait son origine en Asie du Sud est, s’était propagé à l’humain, occasionnant quelques centaines de morts.

Depuis, la planète a été confrontée au Covid. Cela a montré ce que cela pouvait donner à grande échelle. Les creusets de l’influenza aviaire sont potentiellement le creuset des virus influenza humains… Tout cela est très surveillé. Chaque virus isolé sur le terrain est testé en fonction de son caractère zoonotique (passage de l’animal à l’humain). Pour l’instant, le cas ne se présente pas. Les contrôles doivent être au maximum pour ne pas risquer de laisser la situation dériver.

 

Des races de volaille pourraient- elles disparaitre ? 

 

Aucune volaille n’est capable de résistance à l’Influenza. Les palmipèdes, les dindes, les gallinacées (poules pondeuses, poulets), aucune catégorie de volailles n’échappe à cette maladie même si cette dernière s’exprime de manière différente suivant les animaux. Le virus qui circule aujourd’hui par voie aérienne est capable de rentrer dans n’importe quel type de bâtiment ouvert ou pas. Et de provoquer la mort des animaux qui s’y trouvent.

L’inquiétude est forte concernant le centre de sélection de Bechanne où se trouvent tous les reproducteurs des poulets de Bresse et d’autres races anciennes. « Il faut absolument les préserver, alerte PChabrol. Dans l’ouest de la France, on a vu disparaitre jusqu’à 90% des reproducteurs. Ce qui compromet toute la filière puisque il n’y a plus de petits poussins à faire naitre. »

L’autre risque ? Le découragement de la profession, son impossibilité  même de travailler. Dans la filière foie gras, il y a des éleveurs qui ont jeté l’éponge.

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