''Business is business'', mais la guerre en Ukraine, envahie par son voisin russe, rebat les cartes dans l'économie française. Beaucoup d'entreprises travaillent avec la Russie. C'est le cas d'Int'Air Medical à Bourg-en-Bresse. Les dirigeants sont confrontés à un dilemme.
Les affaires sont les affaires. Faut-il continuer à travailler avec la Russie malgré les sanctions qui se multiplient à l'encontre de ce pays qui a envahi l'Ukraine ? Ou au contraire faut-il arrêter les relations commerciales ? Beaucoup de chef d'entreprises se posent la question.
C'est le cas, dans l'Ain, avec l'entreprise Int'Air, spécialisée dans les dispositifs médicaux destinés à l’anesthésie, l’aspiration, l’aérosolthérapie et l’oxygénothérapie. En somme, tout ce qui touche à l'assistance respiratoire.
La société, créée il y a près de 40 ans et qui fait partie d'un groupe allemand, travaille avec le même client russe depuis une quinzaine d'années. Difficile de tout arrêter du jour au lendemain.
Car même si les transactions ne passent plus par le système international Swift, elles peuvent se faire autrement.
''Les palettes sont prêtes à être expédiées, raconte Simon West, directeur export Int'Air Medical. Nous attendons un retour des banques pour savoir si l'on pourra être payé. Si oui on expédiera la marchandise qui représente une trentaine de palettes, soit un camion entier''.
Les voyages d'affaires annulés
Pendant la crise du Covid, l'entreprise avait mis entre parenthèses l'export afin de privilégier les hôpitaux français. Mais les affaires avec la Russie avaient rapidement repris.
''L'industrie locale, pour ce type de produits que sont les nôtres, n'est pas très développée. La Russie compte sur les pays européens pour les acheter, renchérit Simon West, directeur export d'Int'Air Medical.
A cause de la guerre en Ukraine, les dirigeants d'Int'Air Medical ont dû annuler tous leurs déplacements en Russie. ''Nous devions partir bientôt, mais ce ne sera pas possible, affirme Thierry Bieler, directeur général d'Int'Air Medical. Et ce ne sera pas possible même pendant plusieurs mois''.
Le dilemme
''Les politiques nous disent que le pays sera fermé, que l'embargo est imminent et que les flux financiers risquent d'être arrêtés, explique Thierry Bieler, directeur général d'Int'Air Medical. S'il n'y a plus de flux financier, cela signifie pour nous l'arrêt immédiat avec notre client distributeur situé à Moscou. Par conséquent, nous nous posons beaucoup de questions : que fait-on ? Doit-on continuer de livrer ?''.
L'entreprise s'est renseignée auprès de nombreux acteurs : la CCI, la CPME, un syndicat spécialisé dans le médicament et les banques. Tous confirment que ''pour l'instant rien n'est bloqué''.
''C'est important que nous puissions continuer à livrer nos produits pour les hôpitaux russes, la population doit continuer à être soignée. Mais si l'Etat dit on arrête, alors on arrêtera'', conclut-il.
L'entreprise a également prévu d'envoyer un camion qui transitera par sa filiale polonaise afin d'aider la population ukrainienne.