Histoire. A Dagneux (Ain), un cimetière militaire… allemand

A quelques jours du "Volkstrauertag", le jour du deuil national outre-Rhin, qui rendra hommage aux victimes des guerres le dimanche 17 novembre, visite d'un lieu du souvenir allemand en France, au coeur du département de l'Ain. 

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A une vingtaine de kilomètres au nord-est de Lyon, à Dagneux, il est un territoire arboré de 5 hectares au statut unique.

Une fois la porte du cimetière militaire passée, le visiteur n'est plus en France. Il pénètre en territoire allemand. L'enclave a été officiellement cédée à la RFA en 1963. Mais l'histoire de ce lieu a débuté dès la fin de la seconde guerre mondiale. 
 

Un lieu "lourd du poids de l'Histoire"

A l'origine, le terrain est un ancien camp militaire. Des soldats allemands faits prisonniers dans l’Hexagone y ont été placés en détention au sortir de la guerre. Certains y sont décédés et ont été enterrés ici. 

Quelques années plus tard, la France et l'Allemagne passent un accord relatif aux sépultures militaires, la Convention franco-allemande de 1954. Les deux pays décident d'en faire un lieu de mémoire destiné aux Allemands, en rapatriant les restes des soldats de la Wehrmacht. La plupart sont des victimes tombées dans le Sud de la France, lors des batailles qui ont suivi le Débarquement de Provence. Aujourd'hui, 19 913 hommes reposent à Dagneux.

"C'est un endroit qui est lourd du poids de l’histoire, confie Bernard Simplex, maire de Dagneux. On le sent chaque fois que l'on rentre dans ce cimetière, en particulier lorsqu'il y a des cérémonies. On se dit que la plupart des gens qui sont ici auraient préféré rester chez eux. Il y a peut-être quelques tortionnaires au milieu. Mais ils n'étaient pas tous nazis. Je pense que c'était des pères de famille, des paysans, des ouvriers, des employés… qui ne venaient pas combattre avec plaisir."  

Pour le consul d'Allemagne à Lyon, Max Maldacker, cet espace est représentatif d'une certaine époque : "En 1963, il y a eu deux grands visionnaires. Le général de Gaulle et le chancelier Adenauer, qui ont dit "Fini avec tout ça !". Les deux pays ont eu la volonté profonde de coopérer, et c'est ça qui sauve l’Europe", estime-t-il. 
 

A quelques mètres, deux mémoriaux emblématiques

Ironie de l'Histoire ou symbole du drame de la seconde guerre mondiale, un mémorial juif se dresse à quelque centaines de mètres de là. Le cimetière juif de La Boisse rend hommage aux victimes déportées au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.

Quelques kilomètres plus loin, un autre lieu de mémoire : la prairie des 21 fusillés de Dagneux. Elle tire son nom de cet événement survenu le 12 juin 1944, lorsque des soldats allemands partis de Lyon ont abattu des prisonniers de la prison de Montluc, au bord de la route de Pizay.

"Pendant l'Occupation, la prison Montluc de Lyon renfermait, sous une dure surveillance allemande, des milliers de résistants, de juifs et d'otages arrêtés en région Rhône-Alpes, peut-on lire sur le site Internet de la mairie de Dagneux. A partir du printemps 1944, les exécutions arbitraires se sont multipliées au fur et à mesure de la progression alliée. Plus de 600 prisonniers auraient été extraits de Montluc "sans bagages" pour être fusillés, dans près de 33 lieux autour de Lyon, entre avril et août 1944."
 

 "J’habite dans un cimetière"

Le cimetière est la propriété du Sesma, le Service pour l'entretien des sépultures militaires allemandes, géré par l'association Volksbund en Allemagne. Elle emploie Olivier Brulas, qui s'occupe de l'entretien du site au quotidien. Pour y travailler, une contrepartie : vivre dans la maison de fonction avec vue sur le cimetière. Olivier y est installé depuis un an avec sa femme et ses enfants. La famille a pris l'habitude de côtoyer les stèles.

"Parfois, je regarde les noms, les dates de naissance, de mort… Il y en a beaucoup qui avaient à peine 20 ans et qui n'avaient rien à faire à la guerre à cet âge,[…] alors qu'ils avaient toute la vie devant eux", dit-il. 

Quelques familles des soldats enterrés viennent parfois d'Allemagne. Même s'il ne parle pas la langue de Goethe mais un peu celle de Shakespeare, Olivier est toujours présent pour les accueillir.
 
Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit
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