Un documentaire d’Alexandre Arcady nous plonge dans l’incroyable saga d’Orangina, indissociable de la cité phocéenne. Il sera diffusé le 5 décembre à 22h55 sur France 3 Provence-Alpes. Retrouvez le lien vers le replay gratuit dans cet article.
"C’est toute ma jeunesse : un grand succès industriel qui a fait honneur à Marseille, à la Provence, et à la France !” L’ex-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, était un fana d’Orangina. Dans le quartier du Prado, une esplanade porte même le nom de Jean-Claude Beton, à qui l'on doit le succès de cette boisson pétillante. Un hommage posthume à cet entrepreneur avant-gardiste décédé à Marseille, le 2 décembre 2013. .
Un rêve né entre l’Algérie et la foire de Marseille
L’histoire d’Orangina démarre en 1936, à la Foire de Marseille, lorsque Léon Beton, père de Jean-Claude, découvre la Naranjina (petite orange, en français), une boisson à base de jus et de pulpe d'orange créé par un pharmacien espagnol, le docteur Trigo. Il rachète la marque, qu'il lance en Algérie sous le nom d'Orangina. Mais entre la guerre d'Espagne, la Seconde Guerre mondiale et les lois anti-juives de Vichy en Algérie, le projet est abandonné.
C’est le fils de Léon, Jean-Claude Beton, ingénieur agronome de formation, qui ressuscitera ce rêve après la guerre. En 1951, il crée la société Naranjina Nord Afrique.
Quand je me suis mariée mon mari m'a dit, on va faire un mariage à trois. Et la petite bouteille ronde nous a suivis partout.
Madeleine Beton, épouse de Jean-Claude Beton
L’Orangina rencontre alors un succès inespéré : la boisson servie dans des petites bouteilles rondes devient rapidement incontournable sur les terrasses des cafés. Après avoir séduit le Maghreb, c’est depuis Marseille qu’Orangina part à la conquête de l’Hexagone. En 1961, Jean-Claude Beton y installe le siège social de la compagnie, à l'approche de l'indépendance de l'Algérie.
“Quand je suis venue à Marseille, je n’ai pas trop souffert d’être isolée. La société marseillaise, très fermé, ne nous a pas rejeté, parce que mon mari est venu avec un produit : l’Orangina. C’était un homme qui avait déjà un statut, qui était bien considéré”, raconte Madeleine, la femme de Jean-Claude Beton, dans le documentaire d’Alexandra Arcady.
Des pubs qui font un carton
La compagnie soigne ses publicités, qui marquent les esprits. “Orangina, secouez-moi, secouez-moi !”, devient un slogan mémorable après avoir été intégré pour la première fois dans un clip réalisé par Jean-Jacques Annaud en 1972, “Le tic du barman”. On y voit un garçon de café poursuivi par un chien, son plateau de bouteilles à la main, sur une musique entraînante composée par Michel Berger.
Le groupe poursuit son ascension fulgurante, jusqu’à être croqué par un autre fleuron industriel marseillais en 1984 : le groupe Pernod-Ricard, dont Jean-Claude Beton devient administrateur. Un rachat indispensable, selon l’entrepreneur, pour peser face à la concurrence et continuer à servir les petites bouteilles rondes sur toutes les terrasses du monde.