Mort de Jean-Claude Gaudin : une vie politique ancrée dans une passion pour Marseille

Jean-Claude Gaudin est décédé ce lundi 20 mai, à Saint-Zacharie, dans le Var. A la tête de la mairie de Marseille de 1995 à 2020, il a aussi marqué un demi-siècle de la vie politique à Marseille.

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L'ancien maire de Marseille est mort à l'âge de 84 ans, ce lundi 20 mai, dans sa maison familiale de Saint-Zacharie, a appris France 3 Provence-Alpes auprès des pompiers du Sdis du Var. Pendant cinquante ans, Jean-Claude Gaudin a incarné Marseille, avec son accent, ses bons mots et ses airs débonnaires. 

"Le jour où je suis entré au conseil municipal, c'est plus important pour moi que le jour où j'ai été ministre et où je suis entré à l'Elysée pour le conseil des ministres", confiait-t-il dans quand il évoquait ses premiers pas en politique.  

Tout commence pour lui en 1965. Jean-Claude Gaudin est encore bien svelte et un peu chevelu. Il est novice en politique. Il n'a pas encore 25 ans, mais déjà cette voix de stentor qui impose le respect aux élèves du collège-lycée Saint-Joseph-les-Maristes, où il enseigne l'Histoire-Géographie.

Dans les pas de Gaston Defferre

Au conseil municipal, c'est le benjamin. Il doit son écharpe à une alliance de la droite à la liste du socialiste Gaston Defferre.

"Gaston Defferre m'avait prêté son bureau, qui est aujourd'hui le mien", aime-t-il rappeler en montrant un cliché en noir et blanc qui immortalise l'instant. Ambitieux, travailleur, Jean-Claude Gaudin trace son sillon dans les pas de son mentor.

La quête du Graal

Il lui faudra attendre trois décennies avant de pouvoir s'installer à plein temps dans le bureau de Gaston, avec vue sur la Bonne-Mère.

Jamais dans mon quartier de Mazargues et ma jeunesse , je n'avais pensé que je pourrais réaliser ce souhait d'être un jour le premier magistrat de la ville.

Jean-Claude Gaudin

 

Pour ce fils unique de maçon, la mairie, c'est le Graal. Sa passion pour Marseille, il en parle dans un livre qu'il a écrit dans son cabanon de Sormiou.

Une passion nommée Marseille

Le 9 février 1983, il présente "Une passion nommée Marseille" dans le journal régional de FR3. Sur le plateau de Jean-François Jolival, il revient sur ses vingt ans de vie politique.

Le parcours jusqu'à la mairie est semé d'embuches. Par deux fois, Jean-Claude Gaudin, déjà député, échoue face à Gaston Defferre, en 1983, et face à Robert-Paul Vigouroux, en 1989. En attendant son heure, il se repaît d'autres victoires.

Premier président de la Région élu au suffrage universel

Jean-Claude Gaudin change d'échelle et remporte la Région Provence-Alpes Côte d'Azur en 1986. Il est le premier président du conseil régional, élu au suffrage universel, avec l'aide du Front national de Jean-Marie Le Pen.  

En 1989, il prend de la hauteur et entre au Sénat. A 60 ans, il réalise un autre rêve qu'il avait quand il était adolescent. "Je suis un jeune sénateur, je suis discipliné, et j'attends de voir, comment les choses vont s'organiser, j'ai bien entendu au fond de moi, ma préférence". Sa préférence, c'est Marseille.

En 1995, il revient. Et un boulevard s'ouvre à lui. Le maire sortant est à bout de souffle. Bernard Tapie, son plus sérieux rival, a perdu l'OM et fait faillite. Jean-Claude Gaudin tient sa revanche à portée de main. 

Il décroche la mairie avec un ticket RPR-UDF

La troisième tentative est la bonne. Un ticket RPR-UDF bétonne la reconquête de la ville par la droite. 

Au soir du 18 juin, Jean-Claude Gaudin fête sa victoire aux côtés du jeune député chiraquien Renaud Muselier. "Je mettrai tout mon coeur, toutes mes forces pour que cette vile soit la plus belle, une ville à faire rêver le monde", dit-il. 

Il ne cache pas son bonheur d’avoir touché au but. Au journaliste Daniel Bilalian qui l’interpelle "Monsieur le Maire" lors du duplex, il lance : "répétez le parce que ça me fait plaisir", même s’il n’est pas encore élu.

A peine installé dans son fauteuil de maire, Jean-Claude Gaudin devient président de l'OM. Il n'y connaît rien au football, mais mesure pleinement la place du club dans la ville.

"Le sport, c'est la compétition, mais pour le maire c'est aussi la cohésion sociale d'une population qui se rassemble. Où allez-vous trouver un lieu, où au milieu de 60.000 personnes, vous avez toutes les couches sociales, c'est au Vélodrome".

Patron incontesté de la droite locale

A la tête de la deuxième ville de France, Jean-Claude Gaudin s'impose comme le patron incontesté de la droite locale, même s'il se prétend au-dessus des guerres de partis : "A Marseille, le maire ne peut être ni de droite ni de gauche, il doit être po-pu-laire".

La stratégie paie. 2001, 2008, 2014. "Le Maire" est indéboulonnable. Il se voit peut-être mourir sur scène, comme Gaston Defferre, son modèle qui a gouverné Marseille 33 ans durant. 

Le parcours politique de Jean-Claude Gaudin est exceptionnel à plus d'un titre. Par sa longévité. Il a aussi occupé à peu près à tous les postes électifs de la République. Ministre sous Juppé, et dix ans passés sur les bancs de l'Assemblée nationale (1978-1989). De 2002 à 2013, Jean-Claude Gaudin a également présider la Commission nationale d’investiture de l’UMP. Autant dire que beaucoup d'élus lui doivent "quelque chose". 

L'impossible succession

Jean-Claude Gaudin est un animal politique. Insatiable et redoutable. Renaud Muselier en a fait les frais.
Dès son premier mandat, le maire de Marseille lui avait laissé espérer la place. "C'est Kaa, le serpent, il vous regarde, il vous hypnotise", se rappelait-il amer dans "Gaudin : l'inventaire", un documentaire de Gilles Rof. D'autres, parmi ses poulains, se sont laissés charmer. Yves Moraine, Bruno Gilles, Martine Vassal... 

Le refus du vieux lion de préparer sa sortie a déclenché une guerre fratricide dans la course à la mairie. L'ère Gaudin s'est achevée dans un climat délétère, plombée par le scandale des écoles insalubres, le drame de la rue d'Aubagne.

"Je souhaite bonne chance à Marseille"

Face à la presse, qu'il rencontrait pour ses derniers voeux le 20 janvier 2020, Jean-Claude Gaudin avait défendu son bilan en matière d'éducation, de sport, d'environnement, de transports ou de culture.
"En quatre mandats, j’aurai, je pense, avec toutes les imperfections, fait progresser Marseille pour être une capitale européenne, pour qu’elle continue d'aller vers le succès". 

"Je souhaite bonne chance à Marseille." Ainsi avait-il conclus son 198e et dernier conseil municipal, le lendemain, salué par une standing-ovation. Après la passation de pouvoir à Michèle Rubirola, le maire s'en était allé en toute discrétion. Jean-Claude Gaudin fait désormais partie de l'histoire de Marseille et son nom est immortalisé au plafond de la salle des célébrations, aux côtés de ses illustres prédécesseurs.

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