La situation des nappes phréatiques, ressources essentielles pour l'eau potable, s'est globalement améliorée dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il reste néanmoins des zones sensibles comme dans la Dombes (Ain), à cause des sols qui sont moins perméables à l'eau de pluie.
Les nappes phréatiques représentent les deux tiers de notre consommation d'eau potable. Après la sécheresse de l’été dernier, leurs niveaux étaient extrêmement bas dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. La situation globale s’est depuis améliorée. Les nappes se sont bien rechargées ces derniers mois grâce aux pluies abondantes. 36% des nappes aujourd’hui sont sous les normales, contre 80% l’an dernier, après un hiver 2023 particulièrement sec, avec un gros déficit de précipitations.
"On a perdu 1m78 en 33 ans"
Les ressources souterraines du Sud du Massif central, et notamment du Sud Ardèche, restent cependant à des niveaux très bas, faute de pluie ces derniers mois. La situation est également sensible dans le couloir “Rhône-Saône”, pour les nappes phréatiques de la Bresse et de la Dombes. Ce sont des nappes inertielles, c’est-à-dire qu’elles évoluent lentement sur plusieurs années, contrairement aux nappes réactives qui, elles, se remplissent en fonction des précipitations.
La nappe phréatique de la Dombes est mesurée par un piézomètre dans un puits. "Depuis qu’on la contrôle, on a perdu 1m78 exactement, depuis 33 ans. C’est toujours inquiétant quand on voit que les nappes ne remontent pas très vite. Ça signifie qu'il va manquer d'eau à un moment ou un autre de toute façon”, s'inquiète Jean-Paul Perraud, adjoint au maire. Il a beau pleuvoir, la nappe phréatique dite des cailloutis de la Dombes se recharge peu.
L'imperméabilité des sols
Des études ont alors été menées pour mieux comprendre son comportement. “La nappe est recouverte par plus de 30 mètres de formations dites morainiques, qui sont une forme de ciment, de conglomérat, de matière argileuse avec un peu de cailloux mais il faut comprendre que l'eau rencontre beaucoup de difficultés à s'infiltrer en profondeur”, explique Alexandre Hoez, technicien de la Communauté de communes.
Dans la Dombes, le sol n’est pas uniforme. Par endroits, l’eau met beaucoup de temps à pénétrer, ailleurs elle s'infiltre mieux mais les périodes de sécheresse accentuent l’imperméabilité. L’alimentation de la nappe est donc réduite.
“L’enjeu, c’est de savoir ce qu'on peut faire aujourd'hui pour limiter les pressions sur cette ressource qui aura, a priori, de plus en plus de mal à se reconstituer dans un contexte où malheureusement le thermomètre va continuer à grimper”, raconte Alexandre Hoez.
Une amélioration fragile
La solution pourrait être d’aller chercher l’eau plus profondément mais il n'en est pas question. "Ce sont des discours qu'on entend encore. Je pars du postulat qu'on a une ressource, certes qui est difficile à recharger, mais en tout cas on doit déployer des efforts pour la garder”, confie Isabelle Dubois de la Communauté de communes. Il faut donc encore et toujours travailler sur l’attitude des usagers.
Là c’est plus compliqué. Quand il y a de l'eau partout, dès qu'il pleut les fossés s'écoulent, c'est gorgé d'eau en surface et les habitants ne peuvent pas comprendre qu'en dessous il n'y en a pas. C'est encore plus difficile à expliquer.
David PommierMaire de Villeneuve
L’été dernier, certains syndicats des eaux ont dû se connecter à des réseaux voisins pour répondre aux besoins de la population. L’état de la nappe des cailloutis inquiète donc beaucoup. L’amélioration des nappes est fragile souligne le service géologique national. En cas de précipitations insuffisantes, l’état des nappes pourrait à nouveau se dégrader rapidement. La situation va dépendre de la pluviométrie de ces prochains mois. Il faudra donc de la pluie ce printemps pour aborder l’été avec suffisamment de réserves en eau.