Lors du procès en appel de l’incendie mortel de la route de Vienne, l’avocat général a de nouveau requis les mêmes peines envers les deux gérants de la boulangerie ravagée par l’incendie criminel qui a coûté la vie à Clara et sa fille de quatre ans.
Comme un procès qui se répète. 30 ans de réclusion criminelle pour l’incendiaire, et respectivement 28 ans et 25 ans contre Zouhaier B et Zouhir H ont été requis par l’avocat général ce jeudi 4 avril, devant la Cour d’appel de Bourg en Bresse. Il avait demandé ces mêmes peines lors du premier procès.
Les familles des victimes ont l’impression de revivre pour la deuxième fois la tragique soirée, cinq ans après le drame. Le 9 février 2019, vers 20h30, l'explosion d’une boulangerie au 125 route de Vienne provoque un violent incendie qui se propage rapidement aux étages supérieurs. Au premier étage, Clara Mocquot, enceinte de huit mois, et sa fille Anna, quatre ans, sont prises au piège des flammes. Seul le père de famille, Julien D’Antonio, parvient à survivre au drame en se jetant par la fenêtre.
La boulangerie appartient à deux associés, Zouhaier B et Zouhir H, qui croulent alors sous les dettes. Ils auraient orchestré l'incendie pour escroquer leur assurance en faisant appel à un troisième individu, Adel B, qui a fui le lendemain du crime en Tunisie. Mis en examen pour destruction par moyen dangereux ayant entraîné la mort et tentative d’escroquerie à l’assurance, ils ont été condamnés respectivement à 19 et 17 ans de réclusion en première instance lors du procès qui s'est tenu en février 2023. L’incendiaire présumé a lui été condamné à 15 ans par la justice tunisienne, et à 20 en France, où il était jugé par contumace.
"Ils étaient aveuglés seulement par l’appât du gain"
Pour la famille de Clara et Anna, ce nouveau procès rouvre une plaie. Du côté de l'accusation, comme des victimes, les deux hommes ont planifié une tentative d'escroquerie à l'assurance pour se débarrasser du commerce endetté. "Des conséquences dramatiques, fatales, qu’ils n’ont sûrement pas décidées, mais qu’ils n’ont pas prises en considération, tellement ils étaient aveuglés seulement par l’appât du gain" a dénoncé ce jeudi Véronique Lacroix, la mère de Clara Mocquot et grand-mère d'Anna.
Mais "un mobile plausible ne fait pas un coupable" a martelé la défense, qui met en garde contre le risque d'une erreur judiciaire et réclame l'acquittement. "Ce n’est pas un procès de tentative d’escroquerie à l’assurance, c’est là tout le malentendu. Il s’agit du procès d’un incendie criminel, qu’Adel B, qui est absent, en fuite, a commis. La seule question qui se pose c’est si Zouhaier B a donné une directive, un ordre à ce monsieur pour commettre ce crime-là, et cette preuve-là est inexistante" a ainsi déclaré Maître François Saint-Pierre, l’avocat de Zouhaier B.
Le verdict en appel est attendu pour ce vendredi 5 avril, après les délibérés des jurés .