Au quatrième jour du procès de l'incendie de la route de Vienne, Julien D'Antonio, seul survivant, a témoigné. Un moment très fort qui a bouleversé la Cour. Certains membres du jury n'ont pas pu retenir leur larmes. Cet homme endeuillé a perdu sa compagne, sa petite fille de 4 ans et son enfant à naître, le soir du 9 février 2019.
Depuis jeudi dernier, deux hommes doivent affronter le regard de Julien D'Antonio, seul survivant de la famille décimée le soir du 9 février 2019, route de Vienne. L'homme a perdu sa compagne enceinte de 8 mois et sa fille de 4 ans. La jeune mère attendait un deuxième enfant, un petit garçon. Au quatrième jour des audiences, Julien D'Antonio a pris la parole dans la matinée. Un témoignage partagé entre crainte de livrer un récit trop froid et la peur de craquer.
"Pourquoi cacher la mort ?"
A l'audience, Julien a tenté de raconter son coup de foudre pour Clara et son bonheur d'être père, puis leur perte. "C'est un déchirement qu'elles ne soient plus là. Il n'y a pas de mots pour décrire ce vide immense", a-t-il déclaré avant de s'effondrer en pleurs sur la barre des témoins.
Julien D'Antonio est aujourd'hui un homme en deuil. "Clara, il en était fou amoureux. Il était aussi fou amoureux de sa fille. Aujourd'hui, il est tout seul" a confié son avocat, Me Guillaume Beaulieux.
Pour la première fois depuis le début du procès, il a été question de sa compagne, de son enfant et de leur vie de famille anéantie. Julien D'Antonio a également évoqué le moment où il a sauté par la fenêtre de son appartement en flammes en prononçant le prénom de sa compagne.
"Aujourd'hui, il lui faut repartir de zéro et se reconstruire malgré les idées suicidaires. Il s'est dit que la seule solution est d'accepter la mort", explique l'avocat.
"Il a eu un débat intéressant avec le président : mais pourquoi ne pas montrer les photos des corps calcinés ? Le président qui avait fait le choix de ne pas les montrer aux jurés dans le cadre du délibéré se pose la question. Pourquoi cacher la mort ? Voilà ce que l'audition de Julien nous a apporté ce matin", ajoute son avocat.
Première prise de parole des accusés
Pour répondre du drame, deux hommes, cousins éloignés, comparaissent dans le box des accusés depuis le 16 février. Ils sont accusés d'avoir commandité l'incendie criminel du 125 route de Vienne, ce funeste 9 février 2019. Une explosion dans leur commerce a été suivie d'un violent incendie. Les flammes se sont ensuite rapidement propagées à tout l'immeuble causant la mort de Clara et sa fillette Anna. "Une véritable scène de guerre", selon la responsable de l'enquête qui a témoigné au premier jour du procès. L'incendiaire présumé a été jugé en Tunisie où il avait fui. Il y purge une peine de prison de 15 ans. Il est le grand absent de ce procès d'assises selon l'avocate de la défense.
Les deux co-gérants de la boulangerie dévastée sont seuls à comparaître dans le box des accusés. Ils sont soupçonnés d'avoir commandité le sinistre en vue d'une escroquerie à l'assurance. Ce qu'ils ont nié fermement tout au long de l'instruction. L'enquête a révélé que leur commerce, quelques mois à peine avant l'incendie, ne fonctionnait pas très bien. Les dettes s'étaient accumulées.
Ce mardi après-midi, ils ont été interrogés pour la première fois par la Cour concernant les faits. Ils persistent dans leurs dénégations. Ils disent n'avoir jamais imaginé se débarrasser d'un commerce peu florissant ou tenté d'escroquer leur assurance.
Les deux hommes encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi 24 février.
Avec V.Benais et S.Goldstein.