À Bourg-en-Bresse et dans d'autres villes de tailles moyennes, les résidences seniors se multiplient. Le vieillissement de la population est avancé pour justifier ces implantations. Mais ce déploiement surprend. Les appartements vont-ils tous trouver des locataires ? D’autant plus que les prix sont souvent élevés.
Elles ont poussé comme des champignons ces derniers mois, avec promesses de confort et de sécurité. Les résidences services seniors débarquent dans les petites agglomérations. Pourquoi cet intérêt si soudain ?
Retraite : dorée et design
À Bourg-en-Bresse, près du Monastère de Brou, la construction attire les regards. Ce sont 129 logements pour seniors qui seront accessibles à partir de juillet.
Dans la résidence Montana, le hall d’accueil donne le ton : la retraite promet d'être chic et feutrée avec ses escaliers majestueux. "Ces grands escaliers que l'on voit dès l'entrée sont un peu inspirés du modèle américain," explique Sarah Sahal, Directrice de la résidence.
À l’intérieur de cette résidence, l'accent a été mis sur le design et la décoration. Un soin tout particulier a été mis dans la salle de restaurant, les couloirs, les salles d’activité ou les appartements. La résidence est en outre dotée d'une piscine et d'un cinéma. Digne d'un hôtel grand luxe. Des résidences qui s'adressent à des retraités plutôt privilégiés.
De mauvais augure pour le montant de la location ? Question prix, la directrice de la résidence Montana se veut rassurante : "On est sur un rapport qualité prix adapté avec des appartements qui commencent autour de 1180 euros. On a des appartements à la location qui vont du T1 au T3", ajoute-t-elle.
Services compris
À Bourg-en-Bresse, une autre résidence de 129 appartements est cours d'achèvement. Les travaux avancent et la livraison est prévue en octobre prochain. La présence de deux autres résidences pour seniors du même type n’a pas empêché, le groupe Domitys, géant du secteur, de tenter sa chance dans la capitale burgienne, tout près du centre-ville.
Si la résidence n'est pas encore ouverte, mais la directrice, Valérie Gesseaume, est déjà présente pour faciliter la commercialisation des appartements en location. Pour cette infirmière de formation, la résidence senior est une bonne option, idéale pour bien vivre ses vieux jours tant que l’autonomie est là. Loin du public qui a recours aux établissements médicalisés de type Ehpad ou maison de retraite.
Reste le prix. Pour un appartement de type 2 d'environ 45 m.², le loyer se monte à près de 1350 euros, prestations comprises dans cette résidence Domitys. "Ça comprend le loyer, les activités et animations, le salaire du personnel, la piscine, la salle de sport, l'espace bien-être, la conciergerie, l'accueil, la présence de personnels 7 jours sur 7", explique Valérie Gesseaume, en faisant visiter le logement témoin avec balcon, meublé dernier cri.
Des services pour une population aux tempes argentée et autonome, mais qui ne touche pas forcément de retraite dorée.
Résidences sous-occupées
Si les groupes gestionnaires des résidences seniors s’intéressent tout à coup aux petites agglomérations comme Bourg-en-Bresse, c'est notamment parce qu'ils tiennent compte d'un phénomène démographique : le vieillissement de la population. Le nombre de retraités s'accroît. "On estime que la tranche d'âge 74 ans - 84 ans, est actuellement autour des 4 millions de personnes. En 2023, cette population devrait s'élever à 6 millions", relève Sarah Sahal. Mais dans un premier temps, la résidence qu'elle gère va devoir miser sur l’hôtellerie simple pour fonctionner. Car ces pensionnés ne se bousculent pas au portillon.
Il faut dire que ces potentiels pensionnaires n'ont que l'embarras du choix. L'offre est pléthorique. Sur le marché du service aux seniors, ces résidences débarquent toutes en même temps. Une offre supérieure à la demande. Conséquence : le marché a du mal à décoller dans ces villes moyennes.
Ouverte il y a un an, toujours à Bourg-en-Bresse, la résidence services Ovelia affiche ainsi un taux d’occupation d’à peine 35%. Sur la façade, une banderole indique aux passants que des appartements sont disponibles.
Modèle économique
Le plus souvent, le modèle économique de ces résidences seniors grand luxe démarre avec des investisseurs qui profitent d’une défiscalisation, en devenant propriétaire d’un appartement. Si la location reste vide, les loyers, plafonnés, sont tout de même payés. Durant un certain temps.
C’est pour éviter le naufrage de ses résidences seniors que la ville de Bourg-en-Bresse dit avoir préféré des groupes aux reins solides. Mais désormais, la municipalité a décidé de freiner les implantations de ces structures.
"Aujourd'hui, on dit : ça suffit. Si des promoteurs, des porteurs de projets qui viennent avec des projets de ce type, on leur dit clairement non ! Ce n'est pas une bonne idée", assure Claudie Saint-André, adjointe au maire de Bourg-en-Bresse. "On accompagne les porteurs de projets qui viennent avec des résidences un peu plus sociales", ajoute l'adjointe.
Avec déjà 800 appartements en résidences seniors pour un centre-ville de 41 500 habitants, la zone semble armée pour faire face au vieillissement d’une frange de sa population. Une population qui a les moyens.