Des patients en rééducation ont participé à un marathon canoë sur le lac de Montrevel-en-Bresse, dans l'Ain. Accompagnés par leurs soignants, ils ont relevé cet ambitieux défi sportif.
À première vue, la balade en canoë semble tranquille, bucolique. En réalité, les canoéistes sont des patients en rééducation, accompagnés par leurs soignants. Le défi du jour ? Parcourir 42 kilomètres en relais sur le lac de Montrevel, non loin de Bourg-en-Bresse. 12 patients suivis par les services de soins de l'association Orsac ont pris part à l’aventure.
Le rythme est soutenu. Chaque tandem est composé d’un soignant et d’un patient. "C’est bon, on y arrive !", lance Estelle Fontaine, l’une des participantes, atteinte d’une sclérose en plaques. Avec la maladie, elle a passé de nombreux mois clouée dans un fauteuil, puis a dû réapprendre à marcher "comme un bébé".
Alors le fait de pouvoir être ici, aujourd’hui, symbolise beaucoup. "Ce challenge prouve que malgré un handicap, on peut faire plein de choses, se battre pour rester debout, ne pas baisser les bras, même si ce n’est pas toujours facile", explique Estelle, large sourire. "Le fait d’être dans un canoë, même si on n’a pas toutes ses jambes, et bien on a ses bras, on a sa tête, on a le moral. Et c’est énorme !".
Un défi de taille
Initialement, la petite équipe s’était entraînée sur un parcours en rivière, mais c’est finalement sur un lac que la course a eu lieu. Un parcours beaucoup plus plat, donc plus physique. Car réussir à faire le tour d’un lac en canoë relève de l’exploit quand on sort d’un centre de soins de suite et de réadaptation.
Nicolas Pons, l’un des kinésithérapeutes présents, en prend toute la mesure. "Ils sont sacrément compétiteurs", s’amuse-t-il, observant ses patients depuis la rive. "On est rééducateurs à la base, donc il y a un peu de coaching pour les emmener au bout. Ils arrivent à faire des trucs incroyables. Parce que c’est hyper physique sur ce lac-là !" souligne le soignant.
Avec des collègues, ils sont à l'origine de cette course ambitieuse. L'objectif étant que les patients se prouvent de quoi ils sont capables, mais aussi de mettre en lumière l'importance de la recherche sur la sclérose en plaques, puisque l'évènement est au profit de l'association Sep'avenir.
Au fil de la journée, les départs en canoë s’enchaînent et les duos s’élancent sur le lac. Pour réussir ce challenge, les patients ont préparé la course pendant de longs mois, au fil de leur rééducation dans la piscine du centre. Ils y ont appris les mouvements des bras, des jambes, se sont entraînés à être à l’intérieur d’un canoë.
"Le but c’est de vivre des instants comme ça, avec des soignants pareils"
Avec son fauteuil roulant, Christophe Grandet est descendu de nombreuses fois dans le bassin du centre, pour être fin prêt le jour J. Défi relevé ce vendredi 31 mai : il a réussi à parcourir 5 kilomètres en canoë. "J'ai les bras en coton, je n'en peux plus" confie-t-il après la course.
Ce patient est atteint du syndrome de la queue-de-cheval, un pincement du nerf sciatique dans la colonne vertébrale qui l’a rendu presque tétraplégique. La douleur est présente, mais le bonheur et la fierté aussi. "Le but c’est de vivre des instants comme ça, avec des soignants pareils" se réjouit Christophe.
Plus loin sur la rive, Agnès Godard, béquille dans chaque main, s’essaie à quelques pas de danse, heureuse d’avoir participé au défi. "La convalescence, c’est par pallier. Tu stagnes. Tu ne vois pas toi-même tes progrès. Ça progresse tout doucement et puis, tout d’un coup, sans savoir pourquoi, tu as moins mal et puis hop ça va mieux. Le fait de pouvoir être là, on passe un stade" raconte cette accidentée de la route qui se reconstruit.
Les soignants espèrent pouvoir prochainement renouveler l'expérience.