Le député LR de l'Ain, Damien Abad, fustige l'Etat pour son "défaut d'anticipation", estimant qu'il a été "supplanté par les grandes surfaces", qui s'apprêtent à vendre plusieurs centaines de millions de masques dès ce lundi 4 mai.
"Comment se fait-il que l'Etat français soit supplanté par les grandes surfaces et qu'on n'ait pas pu préempter les commandes de masques, et les stocks pour les distribuer aux masseurs, dentistes, sages-femme, infirmiers libéraux... à toutes celles et tous ceux qui ont manqué de masque et ont dû gérer la pénurie au quotidien ?", interroge le député de l'Ain et chef de file de l'opposition à l'Assemblée nationale."Il ne s'agit pas de mettre en cause les grandes surfaces", assure Damien Abad, "mais ce qui est incompréhensible c'est que Carrefour et Leclerc sont plus puissants que l'Etat" et "ont la capacité de faire des commandes massives."
Soutenant que ces commandes ont été passées il y a une dizaine de jours, au moins, le député estime que le gouvernement a fait preuve d'"un défaut d'anticipation et aurait pu préempter une partie de ces stocks".
L'objectif est de "savoir si la grande distribution avait des stocks, ce qui est quasi obligé, et si elle les avait, comment se fait-il que l'Etat n'ait pas préempter?", poursuit-il.
Le patron des députés LR appelle "le gouvernement à saisir la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, Ndlr) et demander les bons de commande et bons de livraison".
Extrait 19/20 France 3 Auvergne Rhône-Alpes du 3 mai 2020
©France 3
Les groupes Carrefour et Leclerc, qui comme toute la grande distribution, pourront vendre des masques à partir du 4 mai, ont annoncé avoir sécurisé respectivement 225 millions de masques (dont 175 millions dits "chirurgicaux") et 170 millions (uniquement "chirurgicaux").
"Une surenchère de l'indécence"
"La grande distribution a annoncé non pas des stocks de masques, mais de commandes de masques", a relativisé le ministre de la Santé Olivier Véran, précisant que "la grande distribution dit aujourd'hui (samedi 2 mai, ndlr) disposer en équivalent de 5 voire 10 millions de masques". "On est très très loin des 500 millions" importés notamment par l'Etat, a-t-il indiqué.Les professionnels de santé ont dénoncé eux "une surenchère de l'indécence" alors que certains ont dit manquer de masques pendant des semaines.
Des accusations jugées "diffamatoires" par les distributeurs, qui assurent qu'"il n'y a pas de stocks cachés" mais des commandes à venir.