1,5 million de femmes se retrouvent bien malgré elles dans la précarité menstruelle. A Bourg-en-Bresse, dans l'Ain, un collectif de la mission locale organise des collectes de protections féminines dans les supermarchés. Les serviettes et tampons sont ensuite redistribués aux femmes qui en ont besoin.
Des serviettes, des tampons... au cours de sa vie une femme devra en consommer des milliers. Indispensables pendant les règles, les protections peuvent cependant peser dans les budgets, notamment les plus serrés.
Selon la protection choisie, le passage en caisse se chiffre de 1,50 € à 6 €. Cela peut sembler dérisoire, mais comme l'explique Romane Prévot, "Tous les mois, j’utilise un sachet de serviettes hygiéniques et un sachet de tampons et ça me fait environ sept à huit euros par mois."
La jeune femme de 19 ans a perdu son emploi et son logement, il y a 5 mois. Sans ressource, elle a été hébergée en foyer, puis chez un proche. Elle s'est rapidement trouvée dans une situation où un sou est un sou et 8 € comptent beaucoup.
Trouver des alternatives
En situation précaire, la priorité de Romane, c'est d'acheter de la nourriture. Alors par le passé, elle a parfois dû trouver des alternatives aux serviettes et aux tampons. "Je mettais en guise de serviette, le papier toilette. Je le pliais trois fois pour faire un maximum d’épaisseur et puis chaque fois que je retournais aux toilettes ou que je sentais que le flux coulait, je retournais aux toilettes et j'évitais surtout de sortir pour éviter que ça coule sur mes vêtements, que les gens me jugent".
Comme Romane, 2 500 jeunes femmes de 16 à 25 ans seraient touchées par la précarité menstruelle dans l’Ain.
Pour les aider, le collectif Menstru'elles jeunes organise des collectes dans les supermarchés.
Une initiative approuvée
Les donateurs sont au rendez vous. «Ma fille n’est pas encore en âge, dit un homme accompagné de sa jeune fille, mais un jour elle le sera, et tant qu’à faire si l’on peut aider, on aide à notre niveau". Derrière son charriot, une femme regarde le stand de collecte et apprécie l'initiative. "Ça fait tellement partie de la vie des femmes qu'avec le quotidien, avec le travail, avec les études, énumère-t-elle, on passe complètement à côté et on ne voit pas l’importance que ça de ne pas avoir accès facilement à ce genre de protection toute bête.»
Une vraie question de santé publique
Pour Floriane Morel-Bressan, membre du collectif, il est urgent de lever le voile sur ce sujet trop longtemps tabou. "Certaines femmes font le choix de garder plus longtemps leurs protections périodiques. Elles risquent des infections gynécologiques, des chocs toxiques ce qui va les mettre en difficulté. C’est un vrai phénomène de santé publique."
La collecte a permis de récolter plus de 8 000 protections hygiéniques, de quoi aider près de 360 jeunes femmes pendant leur cycle.