ABBI, jeune Start-up a mis au point des cosmétiques sur mesure à partir de photos du visage en officine ou sur son smartphone. Elle vient de rejoindre le groupe Boiron, leader mondial de l’homéopathie. Un rapprochement high-tech qui correspond à une diversification bienvenue pour l’entreprise de Ste-Foy-les -Lyon, mise à mal par le déremboursement de ses granules depuis 2021.
Faute de trouver la crème idéale dans le commerce, Joanna Ifergan a pris l'habitude de fabriquer ses propres produits. "J'avais la chance d'avoir une paillasse à disposition, je concoctais pour moi et mes proches le soin qui me semblait être le mieux adapté". Un jour, son mari, lui conseille de passer à la vitesse supérieure. 7 ans plus tard, la biologiste a lancé sa société de cosmétiques sur mesure et ce sont les laboratoires Boiron, leader mondial, qui vont fabriquer ses produits.
Des cosmétiques sur mesure
C'est son époux, Frédéric, qui soumet l'idée à Joanna d'industrialiser son idée. Séduite et très motivée, elle a dû trouver une équipe pour lancer le projet. Elle s'associe avec un ingénieur et un docteur en IA afin de créer cette machine-learning capable à partir d'un simple selfie de réaliser un diagnostic précis des différentes problématiques du visage.
L'aventure exige 7 ans de recherche et développement et de test. Des données ont été compilées pour éduquer la machine qui continue encore d'apprendre lors de chaque analyse de peau.
Parallèlement, il a fallu travailler le produit. "Il fallait correspondre aux attentes des consommateurs en terme de cosmétiques aujourd'hui, en terme de texture, de parfum [...] et réussir à formuler une texture pour un consommateur d'aujourd'hui sans silicone a été un challenge" précise Joanna.
Aujourd'hui, Abbi fonctionne : grâce à une application mobile ou à une borne miroir en pharmacie, l'IA analyse chaque parcelle de peau et pose un diagnostic sur les rides, la sensibilité, le grain de peau, la brillance, l'hydratation, les tâches et les boutons. "Le visage est découpé en 20 zones et chacun de ces zones va être analysée pour chaque problématique" explique Joanna Ifergan. "En terme de rides par exemple, elle calcule leur nombre, leur longueur, leur profondeur et faire une moyenne pondérée".
Des soins fabriqués uniquement sur commande
Les données récoltées arrivent chez la jeune start-up, Abbi, où va être concocté le soin idéal avec une formule sur-mesure. Dans son laboratoire, Marion Jourdan, pharmacienne, prépare chaque formule. "On a 6 types de base (qui fait la texture), ensuite on va incorporer 3 principes actifs à l'aide d'une micropipette. Ensuite on passe au mélange du produit qui sera mis en flacon". 23 principes actifs ont été identifiés ce qui permet au laboratoire en les couplant aux 6 bases de proposer plus de 90 000 combinaisons. Chaque soin peut traiter 3 problématiques.
Amandine, responsable parapharmacie à Caluire dans la métropole de Lyon, teste une borne et est confiante dans le bénéfice de cette nouvelle prestation de service. "Dans toutes les marques que l'on a, on nous propose plusieurs gammes qui correspondent à un type de peau en particulier donc on a quand même du choix mais là ce qui est différent c'est que la crème est adaptée en fonction de la peau de la personne, donc on est persuadée qu'il y aura forcément un résultat".
Boiron, un partenaire, leader mondial
Pour se développer et toucher le marché international, Abbi a misé sur les capacités industrielles des laboratoires Boiron et ses 14 centres de préparation répartis sur le territoire qui permettent de fabriquer au plus près des besoins en 48 / 72 heures. "Au niveau des valeurs, on s'est très vite retrouvés". Boiron parie en retour sur ces nouvelles technologies pour se refaire une santé après le déremboursement de ses granules homéopathiques. Le groupe a investi plus d'un million et demi d'euros.
Actuellement 30 pharmacies sont équipées de borne, l'objectif est d'en doter une centaine d'ici fin juin pour atteindre les 1 000 fin 2022.