"On a vraiment des gens très courageux, des battants", les arts martiaux et le Taïso au secours des patients victimes d'AVC

Et si les arts martiaux aidaient à la récupération après un accident vasculaire cérébral. C'est l'idée défendue par un judoka. Il intervient à l'Hôpital Fleyriat de Bourg-en-Bresse. Pour lui, les patients se reconnectent peu à peu à leur corps grâce à des gestes simples et la pratique du "Taïso".

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Sur le tatami, la séance commence par l'incontournable salut, buste incliné. Les élèves s'exécutent. "C'est une marque de respect et c'est une façon de dire bonjour au Japon", explique Pierre Neyra.

Ce dernier est conseiller technique en Judo. Son public du jour sort un peu de l'ordinaire. Ce ne sont pas des élèves, mais des patients en rééducation à l'hôpital Fleyriat de Bourg-en-Bresse. Tous ont revêtu le kimono blanc de circonstance, ceinture rouge. 

Particularité de ces pratiquants, ils ont tous été victimes d’un AVC ou de troubles neurologiques graves. Pierre les initie au Taïso, littéralement "préparation du corps", en japonais. Dans les arts martiaux, c’est la préparation préalable des athlètes. À l'hôpital Fleyriat, la discipline est devenue synonyme de préparation à une nouvelle vie.

Retrouver l'équilibre

"Ça me permet de prendre conscience du corps et de mieux le sentir, de commencer à sentir les mouvements. Jusqu'à présent, je ne sentais pas trop, le corps n'était pas trop sensible. Là, j'essaie de faire un peu plus d'efforts", explique Olivier, ancien sportif. Ce patient est emballé par le Taïso. "Ça permet de travailler sans que ce soit trop pénible".

Ces judokas du jour travaillent deux par deux, encadrés par Pierre Neyra et Inès Dradri, enseignante en Activité Physique Adaptée. Beaucoup d’exercices se pratiquent à deux, "pour l'entraide", selon Pierre Neyra. 

La discipline est ludique. Les mouvements se font tout en douceur. On recherche l'équilibre notamment, le renforcement des muscles, la souplesse. Les pratiquants travaillent particulièrement "tout ce qui est équilibre et déséquilibre". Pierre Neyra résume : "le judo utilise ces principes pour faire tomber (l'adversaire). Nous, on les utilise pour pouvoir travailler les muscles inférieurs et supérieurs. Et surtout, travailler la chute".

Marcher le long d'une ligne, sur des tapis mous, faire des flexions, travailler les appuis et les déplacements...  Tous les exercices physiques et exercices de stimulation participent à améliorer la maîtrise des gestes. Pour les patients, le profit est incontestable. 
"Semaine après semaine, on voit vraiment les bénéfices que ça leur apporte. Et les patients constatent aussi les bénéfices dans leur quotidien. Ils sont plus en confiance, ils ont moins peur de chuter parce qu'ils savent qu'ils vont être capables de se relever, de se rattraper sans se faire mal", assure Inès Dradri.  "Ça touche beaucoup de choses : l'équilibre, le cognitif, le sensoriel. Il y a beaucoup de facettes dans cette activité", résume la soignante.

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"Des battants" 

C'est un travail de longue haleine, mais les patients retrouvent aussi peu à peu le sourire malgré les efforts : "on travaille dur, dur pour qu'on se retrouve à peu près d'aplomb, moins cabossé", assure une autre patiente, opérée d'une tumeur. "Il y a quelque temps, j'avais un peu peur, mais là, je suis super contente. Ça me demande beaucoup de concentration, j'ai des problèmes d'équilibre. Mais c'est valorisant, je n'aurais jamais fait ça avant", ajoute-t-elle.

Et Pierre Neyra ne cache pas son admiration pour ces patients. "C'est un plaisir de travailler avec eux. Ils travaillent énormément. Certains n'ont jamais fait de sport ou pratiqué les arts martiaux. On a vraiment des gens très courageux. Ils veulent réussir, ils veulent retrouver la fonction d'une main ou d'une jambe. Ça peut être aussi psychologique, certains ont été atteints au niveau du cerveau. Ce sont des battants". Une impression partagée par Inès Dradri : "on est parfois impressionné par ce qu'ils sont capables de faire".

Chaque patient connaît son propre chemin de récupération. Parfois très long. Le Taïso offre avant tout une reconnexion à son corps.

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