Replanter des haies. C'est le choix qui a été fait à Messimy-sur-Saône, dans l'Ain. Une commune avait vu ses haies disparaitre voilà plusieurs décennies. Aujourd'hui, elle fait machine arrière, non sans fierté. Explications.
Messimy-sur-Saône a décidé de replanter ses haies ! La commune a cherché des mécènes pour acheter des arbustes et autres buissons. Ce sont 550 mètres de haies doubles, sur deux parcelles, qui vont renaître. Elle porte aussi un projet de parcelle forestière en bordure de rivière. C'est un premier pas en faveur de la biodiversité.
Le retour en grâce de la haie
Leur absence ne surprenait plus personne. La plupart des haies avaient disparu voilà 30 ou 40 ans à Messimy-sur-Saône. Aujourd’hui, on leur déroule un tapis blanc. La terre a été préparée il y a un mois pour accueillir les jeunes plants. Sur un géotextile, 1082 plants d’arbres et d’arbustes sont attendus pour prendre racine. Les plantations ont commencé. Une première haie est située à l'ouest du village, en bordure d'une zone agricole. La seconde sur une parcelle bordant la rivière Mâtre. Les végétaux seront plantés en quinconce, à un mètre de distance chacun, afin de recréer un écosystème.
Je suis très fier, ça fait un an qu'on est sur le projet. Il faut que ça fasse boule de neige. Il faut inciter à prendre conscience que nous avons besoin des haies et des arbres.
Christian BeguetAdjoint au maire de Messimy-sur-Saône
L'époque a changé. C'est un renouveau après le rassemblement des parcelles autrefois souhaité par les agriculteurs. Avec le remembrement qui s'est achevé en 1991 sur la commune aindinoise, l'ère était à l'arrachage. 54 km de haies avaient alors disparu du paysage de Messimy-sur-Saône et d'une partie de la commune voisine de Lurcy. "Avant le remembrement, chaque parcelle était beaucoup plus petite. Il a été fait pour agrandir les parcelles. En les agrandissant, on a supprimé les haies", explique Christian Beguet. "J'espère que ce n'est que le début et qu'on pourra en replanter beaucoup", conclut l'adjoint au maire. Soigner la biodiversité, c’est le but recherché par la commune qui a demandé l’assistance de l’Office National des Forêts.
Essences adaptées
Ces futures haies seront composées d'un mélange d'arbustes et d'arbres tels que les chênes, les charmes ou les merisiers. Les essences ont aussi été sélectionnées pour ne pas se retrouver avec une nature en souffrance, l’été venu. Certaines essences retenues par les experts sont volontairement rustiques et adaptées au changement climatique.
La haie est un habitat favorable à la biodiversité. Elle va permettre à la faune de circuler, de se mettre à l'abri et de se nourrir. C'est un habitat intéressant pour les oiseaux ou des micro-mammifères.
Yves-Marie GardetteOffice National des Forêts
Le choix s'est aussi porté sur des essences plus locales telles que l'aubépine, le charme, l'églantier, le pommier ou le poirier sauvage. Les essences ont été choisies aussi en fonction des espèces déjà naturellement présentes sur le secteur.
Le but de cette opération de replantation de haies bocagère était aussi de favoriser la biodiversité. "Les fruitiers sauvages vont donner des fruits pour la faune. Souvent dans les haies, on mélange des espèces d'arbres avec des espèces buissonnantes et arbustives, avec des fruitiers. Ça permet d'avoir un écosystème intéressant en termes d’habitat et de nourriture pour la faune", explique Yves-Marie Gardette.
Démarche locale
Dans sa démarche, le village a trouvé des mécènes. Le Département de l’Ain finance pour moitié ce projet à 14 000 euros, un groupe industriel aindinois Hexalean a pris en charge le reste. La collectivité soutient financièrement les propriétaires et les exploitants agricoles qui souhaitent planter des haies bocagères. "C'est important de participer à cette démarche de biodiversité qui entre dans le cadre de notre démarche RSE", explique Fabrice Lacour, président du groupe Hexalean.
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est une démarche visant à intégrer les enjeux du développement durable dans la vision et la stratégie d'une organisation. "J'aimerais que d'autres entreprises puissent adhérer. Je crois que des sociétés comme Fermob l'ont fait il y a quelques années. Mais il n'y en a pas assez. Il faut œuvrer pour ces actions de replantation, j'en suis convaincu".
541 mètres de haies seront replantés dans les jours à venir. Un premier pas pour le paysage.