Le réchauffement climatique semble favoriser la multiplication de plantes aquatiques invasives dans certains étangs. C'est le cas dans le département de l'Ain, sur le plateau d'Hauteville. L’étang des Lésines est envahi, les pêcheurs sont débordés.
Ces plantes ressemblent à s'y méprendre à de fines algues. Elles forment d'importantes nappes brunes à la surface de l'eau. Le phénomène, visible en surface, est inquiétant pour les pêcheurs. Sur le plateau d'Hauteville, de longues tiges colonisent peu à peu l'étang des Lésines. La société de pêche locale tente de lutter contre l'étouffement de cet étang d'une vingtaine d'hectares. Une lutte sans fin.
Potamot et Myriophylle
Ce sont des pêcheurs qui se sont improvisés jardiniers aquatiques. À la force des bras, ils ramènent sur la berge des plantes invasives qui prolifèrent dans l'étang des Lésines. Les tiges coupées ou arrachées flottent à la surface. La récolte est fructueuse. Une fois ramenés vers la berge à l'aide de longs râteaux, ces végétaux sont entassés, formant de petits tas sombres.
Cette pénible opération semble sans fin. "Il faut sans arrêt remettre du cœur à l'ouvrage et on le fait", explique Martine Charasse, une bénévole. Un premier arrachage a eu lieu en mars et deux mois plus tard, il faut recommencer. Pour Gilbert Favre, pêcheur, le réchauffement climatique pourrait bien être une des causes de cette prolifération verte. "Ça fait deux ou trois ans que ces herbes sont là, qu'elles poussent", constate-t-il.
Cet herbier envahissant est composé de myriophylle, mais aussi de potamot. Ces plantes sont bien connues pour leur prolifération. Et sur l'étang des Lésines, les pêcheurs sont débordés : "l'entretien de l'étang fait partie de notre travail, mais là, on n'y arrive plus. Et on a du matériel qui commence à être vétuste", déplore Hervé Claret, président de la Société de pêche des Lésines.
Arme efficace : le faucardage
Sur l'étang des Lésines, la situation est critique. L'envahissement de ses plantes se mesure sur 18 hectares à la surface de l'eau. Comment lutter ? Pas de produits phytosanitaires. Le faucardage est la seule solution pour lutter efficacement contre cet envahisseur vert. Le dispositif mécanique, "une faucheuse horizontale et verticale", est installé sur une embarcation qui sillonne l'étang pour couper les tiges. Les plantes coupées doivent ensuite être ramassées et compostées.
Mais il suffit d’un fragment d’herbe apporté par un oiseau pour coloniser un milieu aquatique. Chaleur et ensoleillement favorisent ensuite le développement du végétal. Une prolifération privilégiée aussi par une eau claire. Comme les abords du site ont été assainis ces dernières années, toutes les conditions sont réunies pour permettre à ces plantes indésirables de proliférer.
"Dans le temps, il n'y avait jamais d'herbes. Il y a eu cinq années de sécheresse. Ce qui a permis cette situation", explique Gilbert Favre.
Si la lutte est ainsi engagée, c’est pour sauver l’étang, car le risque est grand de le voir s’étouffer. Si les plantes aquatiques sont indispensables, une prolifération hors de contrôle est source de déséquilibre. Une menace pour les poissons. Que se passera-t-il si l'on ne fait rien ? L'étang pourrait bien ressembler à un marécage. "Ça va proliférer et ça va tout boucher. Ça va ressembler à un marais", note Hervé Claret.
Lors de la première collecte, les pêcheurs ont ramassé 150 tonnes. Une opération qu'il faudra renouveler.