Face au dérèglement climatique et aux sècheresses à répétition, l'agriculture s'adapte et cherche à limiter ses émissions de gaz à effets de serre. Dans la Drôme, il existe une ferme dédiée aux expérimentations pour produire sans effet néfaste sur l'environnement.
Les aléas climatiques impactent la production fruitière : le gel au printemps, la chaleur excessive en été et la grêle sur toute la période. Pour palier ces problèmes, la ferme expérimentale d'Étoile-sur-Rhône, dans la Drôme, accueille de nombreuses structures qui cherchent des solutions. Objectif : réussir à produire tout en réduisant les ressources nécessaires.
Des panneaux photovoltaïques ou des arbres en ombrelles
Ainsi, la station expérimentale Fruits Auvergne-Rhône-Alpes a planté un verger de jeunes abricotiers, pêchers et cerisiers abrité par des panneaux photovoltaïques pilotés en fonction du soleil et de la chaleur.
Ainsi, lors du gel de printemps, les panneaux sont mis à plat en fin d'après-midi pour garder la chaleur. Le gain peut être de 1 à 1.5° ce qui permet de sauver une récolte. La lutte anti-gel a recours aux outils classiques (bougies, éoliennes, aspersion).
Lors des grosses chaleurs, l'ombrage des panneaux protège tout en produisant de l'électricité. Sophie Stevenin, responsable SEFRA, teste l'effet de l'ombre sur ces arbres fruitiers plantés il y a un an. "La parcelle est équipée de sondes qui nous permettent de connaître l'humidité du sol. Faire de l'ombrage a permis une très bonne pousse des arbres avec 20 à 30% d'irrigation en moins" explique-t-elle. Pour avoir des résultats sur les rendements, il faudra attendre encore deux ans, car à ce stade, les arbres n'ont pas encore de fruits.
Dans le champ voisin, une autre méthode non technologique est mise en place depuis deux ans : l'ombrage naturel avec l'agroforesterie."On étudie l'impact de l'ombre des arbres et leur effet brise-vent sur les cultures pour l'imiter l'évaporation et donc les pertes en eau. Et on se pose la question de créer des connaissances et des références sur les différents types de cultures. Avec des cultures d'hiver qui vont moins profiter des effets d'ombrage, et des cultures d'été comme le maïs qui vont plus profiter de ces effets, à une période où il y a une forte demande en eau" justifie Clément Bardon, responsable de la ferme expérimentale
Sélectionner de nouvelles variétés
La recherche se développe aussi pour limiter l'empreinte carbone de l'agriculture.
Pour assurer la croissance des plantes, les agriculteurs ont recours à la fertilisation azotée. La production est maintenue à un haut niveau, mais provoque des pollutions à l'ammoniaque et des émissions à effets de serre : le N2O, 280 fois plus puissants que le CO2. L'enjeu actuel est de réduire la dépendance aux entrants azotés en raison de leur flambée des prix et de leur impact environnemental.
Pour atteindre cet objectif, la sélection des plantes est primordiale. "Certaines sont capables de produire des molécules qui vont cibler spécifiquement des microorganismes du sol, responsables des pertes d'azote, donc des pertes de fertilisants et responsables des émissions de gaz à effets de serre". Si l'azote n'est plus perdu, il est entièrement disponible pour la plante.
"La plante modèle sur laquelle on a découvert ces phénomènes de contrôle du cycle de l'azote est le sorgho. On va donc travailler sur le développement de technologie d'identification de variétés de sorgho. Le même phénomène est présent sur un large panel de plantes d'intérêt agronomique comme le maïs, le riz, le blé".
Cette méthode de sélection variétale est naturelle. On ne parle pas ici d'OGM.
Il est encore trop tôt pour mesurer l'impact exact de ces cultures sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Mais l'enjeu est de taille. L'équation - entre nourrir la planète et ne pas précipiter sa fin - a plus qu'une seule inconnue. Sa résolution sera longue.