Sécheresse et fleurissement : les communes doivent s'adapter pour économiser l'eau

À cause de la sécheresse, plusieurs communes ont fait le choix de renoncer au fleurissement cette année. C'est le cas du village de Lent, dans l'Ain. Et pourtant, les horticulteurs disent tenir compte du réchauffement climatique en proposant des plantes plus résistantes.

D’habitude, à la mi-mai, l’artère principale du village de Lent est fleurie. Un fleurissement en pot qui ne datait pas d'hier, de mémoire de Lentais. "C'était agréable de voir des fleurs, de la couleur surtout, car la rue est tout de même grise, avec la circulation", explique Nadine Delajudie, première adjointe, en montrant du doigt la rue principale de la commune. Mais cette année, pas de fleurissement à Lent. Seul un pot de fleurs trône dans la rue, unique rescapé. Tous les autres ont disparu.

Économiser l'eau

"On avait une dizaine de pots groupés sur toute la grande rue. C'est fini. On va simplement mettre des vivaces qui ont besoin de peu d'eau, dans des bacs en pierre permanents", assure Nadine Delajudie, première adjointe, en montrant du doigt la rue principale de Lent.

C'est la situation de sécheresse qui frappe le département qui a convaincu le conseil municipal. Yves Cristin, maire (RE) de la commune, explique : "nous n'avons pas le droit de prélever de l'eau dans la rivière, car nous sommes en mesure de restriction. Il aurait fallu remplir les bacs d'eau potable. Nous avons préféré ne pas mettre de pots de fleurs dans la grande rue. Ils sont au soleil toute la journée et consomment beaucoup d'eau."

Une question de cohérence aussi. " Il nous a semblé difficile de demander aux habitants de ne pas remplir les piscines ou arroser les pelouses et nous, d'être l'obligation d'arroser les fleurs trois fois par semaine", ajoute Yves Cristin.

Des habitants compréhensifs

Terminé le fleurissement en pot cette année, seules les plantes vivaces ont encore droit de cité. Dans cette commune aindinoise, déjà en alerte sécheresse alors que l'été n'est pas encore là, l’abandon des fleurs n’a pas l’air de contrarier la population.  

"Les fleurs, ça ne va pas me manquer. C'est important de montrer l'exemple, qu'il y ait des actions - même à faible échelle - pour montrer qu'on se soucie de l'environnement", explique une Lentaise. "On peut planter des cactus, des plantes qui ont besoin de moins d'eau. Il y a des solutions à envisager", ajoute-t-elle.

"La démarche est plutôt bonne. Un village fleuri, c'est toujours un village agréable, mais il y a des décisions à prendre. À chacun de faire des efforts", explique une autre habitante.

Que les habitants se rassurent, il y aura tout de même des fleurs cette année à Lent. "Dans les gros bacs qui nécessitent moins d'arrosage, dans les massifs et autour du monument aux morts", détaille le maire qui précise que la commune a réduit de moitié l'achat de fleurs cette année. "Le fleurissement est important, mais l'eau potable est un enjeu supérieur", conclut l'édile. 

Coup dur pour les horticulteurs

Des municipalités qui réduisent leurs achats de plantes à fleurs. Pour les horticulteurs, c'est une mauvaise nouvelle, mais on accuse le coup. Les communes et collectivités qui ont pris cette décision ne sont pas encore nombreuses. Mais chez les horticulteurs, l'inquiétude est bel et bien réelle. 

"Avec l'été caniculaire de 2022, il y a un changement d'état d'esprit de notre clientèle. Les particuliers et les collectivités, demandeuses de solutions", selon Bernard Abdilla, horticulteur depuis trois décennies. 

Les fleurs sont un élément important des paysages de l'Ain aux dires de cet horticulteur installé à Saint-Didier-de-Formans. Une tradition que certaines communes ont choisi de préserver en choisissant de "changer d'espèces, de garder une part de fleurissement annuel et d'incorporer des plantes vivaces, ou des plantes qui ont des comportements plus résilients face à la sécheresse".  Ainsi, une euphorbe surnommée "l'épine du Christ", une plante robuste, est devenue l'un des best-sellers de l'année.

Les horticulteurs militent aussi pour des méthodes pour économiser l'eau : stockage d'eau de pluie, paillage des plantes annuelles... la profession s'est adaptée au changement climatique. 

"Il faut que les communes continuent à aller vers un fleurissement ou des aménagements paysagers qui soient colorés, et les horticulteurs peuvent les aider", conclut le professionnel. 

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