Au fil des ans, la succession des épisodes de sécheresses interroge sur l'accès à l'eau. Trouver des solutions pour collecter ou trouver de l'eau devient une préoccupation et un nouveau secteur économique en plein essor
Lorsque nous la regardons, son client Philippe nous glisse "si on ne savait pas ce qu'elle est en train de faire, on la prendrait pour une folle!". Elle, c'est Caroline d'Elbée, sourcier professionnel. Droite, coudes serrés, elle tient devant elle des baguettes en laiton en suivant une ligne imaginaire à travers un pré. Lorsqu'elle souhaite trouver où se trouve la source, ses deux baguettes se croisent. Lorsqu'elle souhaite savoir le sens de l'écoulement de l'eau, ses baguettes indiquent une direction. "Ça demande une bonne hygiène de vie et de ne pas être fatigué" confie Caroline d'Elbée qui a décidé d'en faire son métier depuis cinq ans.
Suite logique
Pour son client, Philippe, profiter d'une source est une démarche (éco)logique. "Nous sommes dans cette démarche depuis longtemps". Il est propriétaire de sa maison du Nord Isère depuis une dizaine d'années. "On a installé des panneaux solaires, des récupérateurs d'eaux de pluies, un compost. On continue dans cette logique pour trouver de l'eau pour nos chevaux."
Un budget conséquent
La plupart des clients de Caroline d'Elbée la contactent pour l'arrosage des terrains. Son intervention chez Philippe coûte 300 euros auxquels il faudra ajouter d'autres frais si elle découvre une source intéressante. "Je ne conseille pas de forer en dessous d'un débit de 600 litres à l'heure pour être sûr d'avoir de l'eau en été. Un forage coûte minimum 1500 euros hors taxe pour les faibles profondeurs et il faut compter en plus la pose d'une pompe et un regard. C'est un investissement." Un investissement auquel Philippe est prêt à consentir. "On n'est pas hyper riches, mais on a des moyens qui nous permettent d'aller dans ce sens et c'est ce qu'on veut faire."
Si elle découvre une nappe phréatique, Caroline donnera son "feu vert, car il y a un débit minimal de 3000 litres à l'heure".
De plus en plus de clients comme Philippe contactent Caroline d'Elbée. "Depuis quatre ans, on assiste vraiment à des sécheresses à répétition et j'ai surtout reçu des appels l'année dernière où les sources se sont vraiment taries". Elle l'a de nouveau observé cet hiver où "il y avait beaucoup moins de débit sur les sources". Une demande telle qu'elle sillonne tout le secteur Rhône-Alpes et qu'elle s'est lancée dans la formation d'apprentis sourciers.
D'autres solutions moins onéreuses
À quelques kilomètres de là, dans une grande surface de bricolage de Bourgoin-Jallieu (Isère), certains rayons de salle de bain et de jardinage sont régulièrement réapprovisionnés. Ainsi, les mousseurs pour les robinets, qui permettent au moins 20% d'économie d'eau, s'arrachent. Idem pour les récupérateurs d'eau de pluie dont les prix varient de 75 à 170 euros pour des contenances de 150 à 1000 litres. Les ventes explosent. "Si on compare la période de février jusqu'à maintenant par rapport à l'année dernière, on a une augmentation de 300% des ventes de récupérateurs d'eau" constate un vendeur. Là encore, les clients viennent pour l'arrosage de leurs terrains.
Situation des nappes dans la région
Selon le dernier relevé du service géologique national, la situation est critique dans la Dombes avec un niveau d'eau très bas où un arrêté de restrictions de certains usages de l'eau a été pris il y a un mois. La situation est plus stable dans le Bugey, en région lyonnaise et dans la Drôme. En Auvergne, les niveaux d'eau restent bas.