Tandis que les contours de la “météo des forêts” se dessinent petit à petit en prévision d’un été à haut risque incendie, la gestion de ces aléas climatiques se prépare dès cette fin avril. Les sapeurs-pompiers, dont les effectifs ont été renfloués, vérifient et s’exercent. Comme en Ardèche.
200 hectares de forêt ont déjà brûlé en Ardèche depuis le début de l’année. Ce chiffre inquiète les sapeurs-pompiers alors que les nappes phréatiques présentent toujours des niveaux assez bas.
“On est inquiets. On a vu nos collègues du 66 des Pyrénées-Orientales faire face à un feu de plus de 1000 hectares avec des vitesses de propagation de 1000m/h, ce qui ne s’est jamais vu pour un mois d’avril”, explique Vincent Honoré, directeur du Service départemental d'incendie et de secours en Ardèche. Le pompier évoque aussi l’incendie qui s'est déclaré quelques jours plus tôt sur les hauteurs des communes de Cerbère et Banyuls-sur-Mer. Les flammes ont détruit près de 1000 hectares de végétation, sans faire de victime ou détruire des habitations.
“Nous sommes préoccupés par l’état de sècheresse, par la teneur en eau des végétaux qui est très basse, par le déficit pluviométrique et donc ça nous demande de redoubler d’effort”, ajoute le directeur des pompiers, qui s’apprête à faire face à un été à haut risque incendie.
Du matériel testé
Au même moment, sur le plateau de Lanas, ses équipes se livrent à une série d’exercices en prévision de ce type d'aléa. Le Dash, avion spécialisé dans la lutte contre les incendies, dispose de 10 minutes et pas une de plus pour arriver à remplir son réservoir sur l’aérodrome de la commune du sud de l'Ardèche. Une stratégie qui, combinée avec les forces au sol, permet d’agir plus efficacement en cas d’incendie.
“Le Dash nous permet de ralentir la progression du feu, notamment dans des zones qui sont beaucoup moins accessibles pour nous, en larguant des retardants qui vont limiter la propagation et nous laisser le temps d’approcher et de pouvoir venir traiter avec les troupes au sol”, souligne Vincent Honoré.
À ces engins s’ajoutent les plus connus Canadairs, des avions bombardiers d’eau, qui possèdent la capacité de matraquer le feu plus rapidement et à des fréquences beaucoup plus élevées. Plus que jamais, le matériel est vérifié afin d’être immédiatement opérationnel en cas d’incendie.
120 pompiers mobilisés, contre 90 les années précédentes
Les équipes sont également renflouées. “On va essayer d’atteindre cette année sur les dispositifs préventifs à peu près 120 pompiers quand les autres années, on était plutôt autour de 90”, souligne le directeur des pompiers en Ardèche, qui compte par ailleurs s’appuyer sur “une analyse plus fine des conditions météorologiques et de l’estimation du risque feu de forêt” ainsi qu’“une amélioration de la chaine de commandement pour monter beaucoup plus vite en puissance”.
Dans la Loire, moins sujette aux risques d’incendie, les sapeurs-pompiers se préparent tout de même à l’éventualité. “Tous dans le département sont formés aux techniques de feu de forêt” souligne Eric Meunier, nouveau directeur du Sdis dans la Loire, avant d’ajouter : “l'État va financer en partie des nouveaux engins pour pouvoir lutter contre ce risque des feux de forêt”.
Une “météo des forêts” pour adopter les bons comportements
En octobre dernier, au terme d’une saison de feux record, marquée par plus de 72.000 ha de forêts brûlés, Emmanuel Macron avait annoncé la création d’une “météo des forêts”. Ce mardi 25 avril, les acteurs du projet se sont réunis. Ce nouveau bulletin devrait se présenter sous la forme d’une carte émise chaque jour dès la mi-mai et ce, jusqu’à la fin septembre.
Pour son année de lancement, le rendez-vous est fixé au 1er juin pour découvrir sur le site de Météo France la première carte de cette météo particulière. Chaque département sera représenté avec une couleur particulière symbolisant le degré de risque sur une échelle de quatre niveaux.
Il s’agit avant tout d’un outil de sensibilisation, puisqu'il est “important de rappeler qu’il ne faut pas avoir de comportement dangereux en forêt les jours à risque, pas d’emploi du feu, pas de barbecue, pas de balades dans les massifs, pas de cigarette que l’on allume parce que la plupart des départs de feu sont de la main de l’homme”, explique Vincent Honoré, qui souligne le poids de ces campagnes, tant pour les résidents que pour les visiteurs de ce département très touristique.