"Il faut sans cesse s'adapter et résister" : les producteurs de fruits face au dérèglement climatique

La filière fruit a perdu 30 % d'arboriculteurs en 25 ans. Les aléas climatiques détruisent des récoltes entières. Il faut repenser la filière en s'adaptant. C'est cette métamorphose que finance le Plan régional pour la filière fruit.

Le département du Rhône a perdu 30% de ses exploitations arboricoles en 25 ans. Les aléas climatiques comme la grêle ou la sécheresse sont catastrophiques pour cette filière. Tous les professionnels sont unanimes, il faut repenser la méthode pour maintenir la production. La région Auvergne-Rhône-Alpes a voté, le 20 avril, un soutien financier de plus de 3 millions d'euros.

Investir malgré les aléas

Quotidiennement, François Gonon arpente ses vergers pour vérifier que tout va bien. Cet arboriculteur de Saint-Didier-sous-Riverie (Rhône) cultive des abricots, des pommes, des poires, mais aussi des pêches et des cerises dans l'affaire familiale qu'il a à cœur de faire fructifier.
Entre les aléas climatiques, la hausse des coûts de production et les nouvelles réglementations, le métier est devenu plus compliqué. "Les deux dernières années, je n'ai pas eu de récolte, pas un abricot sur la parcelle ! Cette année a été un peu plus clémente. Il faut espérer que la grêle ne saccage pas tout, mais on est plutôt confiant". Malgré tout, il reste vigilant.

Il faut sans cesse s'adapter. Bien sûr, c'est vivifiant de toujours se remettre en question, ça fait partie de la beauté du métier, mais il faut avoir les reins solides et une structure économique pour résister d'année en année.

François Gonon

arboriculteur

L'arboriculteur est toujours dans l'adaptation et l'anticipation sans certitude sur ce qui va se passer. "Certains lâchent l'affaire, pas forcément en baissant les bras d'un coup, mais au lieu de planter quand le contexte est mauvais, ils ne replantent pas" regrette-t-il. Un verger qui vieillit produit moins, il faut sans cesse le renouveler. "Pour avoir une parcelle en pleine production, il faut 4 à 5 ans. Il faut deviner ce qui va se passer, les besoins du consommateur, anticiper les moyens de lutte, la pression sociale sur les moyens phytosanitaires".

François est persuadé de la nécessité d'investir. "Comme je dis souvent, les calamités agricoles, c'est bien, ça sauve l'exploitation, mais ça assure pas l'approvisionnement du consommateur. Le fait de sécuriser les installations, si. Je ne plante pas un pommier sans couverture, et la poire, c'est pareil [...] et on regarde au niveau de la pêche et de l'abricot".

Construire l'arboriculture de demain

À l'autre bout de la chaine, les coopératives du Rhône ont de plus en plus de mal à s'approvisionner en local. En 25 ans, on observe une baisse 30% du nombre de producteurs de fruits tant au niveau local que national. Et même si la production de ceux qui restent a augmenté, Il est indispensable de s'adapter et de chercher de nouvelles solutions pour continuer à produire. "Un accompagnement financier est indispensable pour que les producteurs puissent continuer à investir dans des nouvelles variétés, dans de nouveaux vergers" estime Patrick Lanar, représentant de la coopérative Sicoly (SIca des COteaux du LYonnais) qui regroupe 120 associés dans le Rhône.

Il faut un accompagnement financier pour pouvoir créer des vergers mieux adaptés, mieux résilients aux conditions météorologiques.

Patrick Lanar,

coopérative Sicoly (SIca des COteaux du LYonnais)

Patrick Lanar craint une diminution du potentiel de production. Car même si le plan de souveraineté alimentaire voté en 2022 est en soutien, "il faut toujours des hommes pour pouvoir produire".

Le plan fruits de la région

Le renouvellement du Plan régional pour la filière fruit a été acté le 20 avril. Il s'élève à 3,175 millions d’euros qui seront injectés dans la filière d'ici à 2027. Des fonds européens viendront le compléter.

Les aléas climatiques sont devenus des récurrences climatiques. Pour le gel, la question n'est pas de savoir s'il va se produire, mais à quel moment il va se produire. Idem pour la sécheresse. [...] Quand c'est un aléa, on peut donner une aide pour compenser. Quand c'est une récurrence, il faut adapter le modèle. C'est ce qu'on fait avec les investissements.

Fabrice Pannekoucke,

Vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes délégué à l’Agriculture et aux Espaces valléens

Auvergne Rhône-Alpes, avec ces 37 000 hectares de vergers et 6 000 exploitations, est la première région de production fruitière de France.

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