Face au réchauffement climatique, les stations de moyenne montagne sont de plus en plus nombreuses à rester fermées pendant l'hiver. Exemple à Menthières, une station des Monts Jura dans l'Ain. Ici, on réfléchit à développer d'autres activités que "le tout ski". Depuis trois ans, les remontées mécaniques peinent à ouvrir.
Le front de neige est bien calme ce matin-là. Le soleil tente de percer la brume qui enveloppe encore les sommets. Et déjà, un coin de ciel bleu azur apparaît. Le lourd silence de la montagne est seulement troublé par quelques cris de joie d'enfants au loin. Nous sommes à 1050 mètres d'altitude. La neige est bien tombée ces derniers jours, mais pas en quantité suffisante. 15 cm. Il en faudrait le double pour que la dameuse puisse entrer en action. Les remontées mécaniques sont à l'arrêt.
Au programme : luge, randonnée, raquettes
Un groupe de six jeunes femmes se prépare. Elles chaussent les raquettes en s'amusant. Elles sont venues pour une sortie entre amies. Loin de l'agitation des grosses stations. Pour Thaïs, c'est une première. "C'est comme la rando, mais sur la neige, ça craque sous les pieds. On profite du paysage, c'est calme. C'est une expérience différente". Un peu plus loin, Anne a chaussé ses skis de randonnée. C'est une habituée de la station et malgré la fermeture des télésièges, elle est venue prendre l'air. "On n'a pas besoin de remontées mécaniques en ski de rando. J'y vais à la force des jambes ! Et puis, au moins, il n'a y personne !".
Jean-Claude, lui, est avec ses petites filles. Elles font de la luge et remontent la pente en courant avant de la descendre à toute vitesse, leurs rires inondent la station. Il se souvient du temps où il venait faire du ski, la neige était bonne. "Elle manque maintenant, alors on change nos activités".
Au menu : raquettes - raclette
Seul lieu où on échange : le restaurant de la station. Des personnes sont attablées, on mange, on discute, on plaisante. Boris est le restaurateur de l'auberge "la gentiane". Il le reconnaît, depuis trois ans, son chiffre d’affaires est en baisse, environ 40 % de pertes.
Il faut apprendre à s'adapter et proposer d'autres activités. On a imaginé un menu raquettes-raclette pour fidéliser la clientèle. L'avenir ça va être de sortir du "tout-ski", mais on doit aussi être réactif et ouvrir dès que la neige est suffisamment tombée.
Boris Cottier, restaurateur
La station de Menthières fait face à la chaîne du Mont Blanc. Le panorama est sublime. Il plaît aux visiteurs, surtout des locaux. Beaucoup viennent du secteur de Bellegarde et de Genève. Un gros bassin de population, une opportunité pour le syndicat qui gère le domaine. "On pense diversifier les activités avec, par exemple, la randonnée, les sorties raquettes. On imagine aussi refaire des pistes de luge et pourquoi pas des structures gonflables pour les plus petits". Bernard Vuallat est le président du syndicat mixte des Monts Jura. Il regrette le manque de neige dû au réchauffement climatique.
Les petites stations ne peuvent plus ouvrir à cause du manque de neige, mais également à cause du mode de gestion. Pour pouvoir ouvrir un télésiège, il faut sept personnes. Compte tenu des dernières saisons qui n'étaient pas assez rentables, on n'a pas pu continuer
Bernard Vuallat, Président du syndicat mixte des Monts Jura
Pour permettre la poursuite des activités, une association va être créée. Elle aura pour mission de trouver des solutions et des moyens pour l'avenir. Le syndicat mixte des Monts Jura va se recentrer sur les autres stations du domaine, comme à Lelex par exemple.
Ici, à Menthières, les habitants (ils sont 43), tiennent à leur territoire. Nombreux sont prêts à s'engager bénévolement pour maintenir de l'activité. L'un d'eux explique "dès que la neige tombe, on voit arriver de nombreuses personnes qui viennent profiter du grand air, avec ou sans ski".