A l’aéroport de Marrakech, ce mercredi 18 mars, comme à Agadir ou Tanger c’est la cohue. 34 habitants d’Oyonnax ont pu s'envoler pour la France, 7 sont en attente. Ils font partis des quelque 20 000 touristes surpris samedi par le blocage des frontières au Maroc.
Nassera Jamili, jointe par téléphone, est au bord de la crise de nerf. Avec sa belle soeur, elle vient enfin de monter dans l’avion après trois jours d’attente à Tanger (Maroc). « Ici les gens sont tres prévenants, ils portent des masques, des gants, depuis hier plus aucun commerce n’est ouvert ».
Mais la galère n'est pas finie pour autant... Le vol EasyJet est à destination de ... Nantes et le pilote refuse de décoller car il est vide.
Monteront ? Monteront pas ?
Aussi Nassera espère-t-elle que les 40 autres membres de sa famille vont pouvoir monter à bord... Après une longue attente, 34 pourront finalement les rejoindre mais 7 restent en attente et 3 ... ont décidé de rester au Maroc.L'avion a finalement décollé. Mais une fois à Nantes, il faudra se débrouiller pour rentrer chez eux à Oyonnax, dans l’Ain.
Le député Damien Abad au poste de pilotage
Joint par téléphone, Damien Abad, député de l'Ain, assure être en contact avec une société de bus, qui devrait affréter deux véhicules pour venir les chercher. Deux bus pour permettre à chacun de voyager seul sur chaque rangée. Peut-être l'épilogue du mariage de sa nièce samedi à Tanger qui a viré au cauchemar.Un mariage dont tout le monde se souviendra
Nassera est pourtant arrivée au Maroc voilà dix jours, le 9 mars, l’esprit tranquille. Mais face au problème émergeant du coronavirus, elle confieOn s’est sentis abandonnés, à l’ambassade de France à Tanger. Pour rentrer, on nous disait de faire 900 km en voiture jusqu’à Marrakech, sans même être sûrs d’avoir un vol.
Et Nassera d’ajouter que certains invités du mariage sont arrivés tout récemment, vendredi 13. Elle se demande pourquoi personne ne les a prévenus que ca devenait compliqué ?
Un week-end prolongé qui a débuté ... avant que la France ne bascule
Vendredi 13 mars, c’était aussi le départ au Maroc pour un petit groupe de patrons du Haut-Bugey. Quatre jours de détente à Marrakech. Et au final une seule vraie journée dans le desert, entre activité quad et ballade en dromadaire.Grégory Ollier, gestionnaire de patrimoine, raconte :
Dans notre groupe, deux d’entre nous ne voulait plus partir mais ils se sont pliés au groupe. C’est vrai qu’on ne s’est pas rendu compte, on a vraiment pris conscience de l’ampleur de l’épidémie une fois sur place quand les vols ont commencé à être annulés et qu’on a vu les marocains qui devenaient distants avec nous.
Des gamins de la Médina qui leur crient "Corona, corona!"
Dans la Médina de Marrakech, explique-t-il, ils ont croisé des personnes de différents pays et des gamins qui sur leur passage criaient « Corona ! Corona ! Corona ! Prise de conscience, voire remords.bien sûr qu’on a pensé qu’on était peut être porteur du virus. Chez eux il n’y a pas de système de santé et pas de chômage rien du tout. Ils ont peur car ils n’ont rien.
Ce chef d’entreprise a dans son carnet d’adresse le député Damien Abad. Celui-ci a géré avec le quai d’Orsay la situation de ces 9 oyonnaxiens, 5 hommes et 4 femmes qui le remercient.
Soulagés d'être rentrés mais surpris
Grégory Ollier et ses amis sont aujourd’hui soulagés d’être rentrés mais très surpris :On s’est dit qu’en arrivant à Lyon on allait tous nous mettre dans une pièce pour prendre notre température. Car dans l’avion on était 200 il y avait des gens qui toussaient, des enfants. En fait, à l’aeroport Saint Exupery, aucun contrôle, ni aucune prise de température... comme au départ de Marrakech
Plus de prise température... il faut dire qu'entre-temps la France est passée en stade 3, et que l'urgence n'est désormais plus à dépister les gens (les cas avérés se comptent en milliers) , mais à les confiner. A charge pour eux de surveiller leur température et les éventuels symptômes. Un retour difficile ... dans la France "d'après".