Dans l'Ain, Emmaüs dénonce une forme de harcèlement de la préfecture pour expulser ses compagnons

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Écrit par Yannick Kusy (d'après le reportage de Yaëlle Marie et Benjamin Métral )

Journée de mobilisation ce samedi 22 mai au sein de la communauté Emmaus de Bourg-Servas dans l'Ain. L'association de l'Abbé Pierre dénonce une "pluie d'OQTF" -obligations de quitter le territoire français- visant plusieurs compagnons aujourd'hui menacés d'expulsion.

Journée de protestation et d'indignation la communauté Emmaus de Bourg-Servas dans l'Ain, 28 compagnons font vivre la communauté, du tri à la vente.

Après plusieurs refus de titres de séjour, l'association de l'Abbé Pierre craint un acharnement.

Elle a écrit une lettre ouverte à la préfecture de l'Ain pour s'en émouvoir. Comme l'explique Bernadette Perraud dans cette interview :

Bernadette Perraud, présidente d'Emmaüs Bourg-Servas

Des compagnons sous pression

Ici, plusieurs compagnons sont toutefois visés par des obligations de quitter le territoire français. Difficile de sourire, de travailler avec l'angoisse d'un mari d'abord placé en centre de rétention, puis libéré et assigné à résidence dans la communauté... Irena et sa famille sont menacés d'expulsion vers l'Albanie, ils étaient pourtant en France depuis 7 ans. Elle témoigne de son incompréhension :

Irena Malé, compagne d'Emmaüs

C'est insulter toute la communauté Emmaüs

Cédric Herrou

Irena, Bilal, Mouni... Tous ont aujourd'hui un soutien de poids. Cédric Herrou, symbole de l'aide aux migrants, l'agriculteur militant de la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, dénonce les méthodes préfectorales. "Dire qu'Emmaus héberge des personnes qui ne sont pas intégrables, intégrées à la société française, c'est insulter tout le mouvement Emmaüs" déclare-t-il à l'assemblée.

Autre exemple concerné, Bilal, originaire du Maroc, il a fait appel de la décision d'OQTF au tribunal administratif. Il est très affecté par sa situation. 

"J'apprécie ce boulot et voilà.. Je me construis petit à petit. Et je trouve que... c'est dommage de casser des gens, comme ça, qui se construisent" raconte-t-il.  Pour lui, l'inquiétude demeure...

Les services de l'Etat réfutent toute pression particulière

Contactée, la préfecture confirme le refus de deux titres de séjour et deux acceptations cette année... Une proportion dans la moyenne habituelle selon elle. Dans une réponse écrite, il est précisément expliqué que " depuis le début d'année 2021, deux demandes d'admission au séjour formulées par des compagnons d'Emmaüs ont été refusées par la préfecture. Dans le premier cas, le juge administratif a donné raison à l'administration ; le second cas fait l'objet d'une procédure d'appel. Sur la même période, deux autres demandes d'admission au séjour formulées par des compagnons d'Emmaüs ont été acceptées par la préfecture."



Les services de la préfecture tiennent également à rappeler quelques ordres de grandeur : "en 2020, 974 mesures d'éloignement ont été prononcées par l'administration dans l'Ain quand 1271 admissions au séjour ont été acceptées. Les services de l’État donnent donc majoritairement des suites favorables aux demandes qui leur sont présentées. Cette proportion se confirme tout autant depuis janvier 2021 : 333 OQTF prises à ce jour pour 641 admissions au séjour."

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