"Il n'y a pas un chat" : la fermeture d'un pont inquiète les commerçants de Miribel

Suite à la fermeture du pont de Miribel pour des raisons de sécurité, certains commerçants du centre-ville dénoncent une perte de 20 à 30% de leur chiffre d'affaires. Le maire dit ne pas avoir eu le choix et souhaite la construction d'un nouvel ouvrage.

"J'appelle ça le Far West ! Des fois, je regarde la grande rue qui est vide et j'imagine le petit rond de paille qui roule sous l'effet du vent, avec le cow-boy qui passe au loin." Sébastien François ne décolère pas. Depuis la fermeture du pont de l'Île à Miribel, ce boucher du centre-ville affirme avoir perdu 20% de son chiffre d'affaires. 

L'ouvrage est le seul qui permet de rejoindre la commune de 10.000 habitants en traversant le Rhône. Avant sa fermeture le 1er décembre 2022, il était prisé par les automobilistes pour échapper aux bouchons de l'A42 aux heures de pointe.

Depuis, le centre-ville de Miribel serait moins fréquenté. Pour se rendre dans le centre-ville depuis l'autoroute, les automobilistes doivent dorénavant emprunter les sorties de Beynost ou de Neyron. Dans les deux cas, un détour de 10 minutes par trafic fluide est nécessaire, 30 minutes aux heures de pointe. 

"J'habite ici depuis 29 ans et je n'ai jamais vu aussi peu de monde. Il n'y a pas un chat", confirme Béatrice Menichon, une habitante du village.

Moins de client de passage 

Du côté des commerçants, Sébastien François a identifié les clients qui ont déserté son affaire. "Ce sont surtout ceux qui sont dans l'urgence. Les gens qui vont au travail, ceux qui rentrent. Quand on est sorti à 5km d'ici, on n'a pas envie de revenir dans le centre de Miribel", affirme le boucher. 

Sur la quarantaine de commerces que compte la commune, tous ne sont pas impactés de la même façon. Pour Jean-Christophe Moussa, le président de l'association des commerçants et des artisans de Miribel et du Plateau, la perte de chiffre d'affaires se fera surtout ressentir sur le long terme. "On perd surtout en attractivité", affirme-t-il. 

Pour lui, la fermeture du pont est "un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase". Elle s'inscrit dans un contexte de difficultés chroniques qu'affrontent les commerçants de proximité. 

Avant la fermeture du pont, on avait déjà un problème de fréquentation.

Jean-Christophe Moussa, président de l'association de commerçants

"Avant, on était un village. On avait beaucoup de clients historiques qui consommaient ici. Aujourd'hui, on est un peu devenu une ville dortoir avec Lyon à 10mn de train. De plus, avec la crise financière, consommer local ce n'est plus donné à tout le monde", énumère le gérant de bar.  

Fermé pour des raisons de sécurité 

Si la fermeture du pont impacte ses riverains et particulièrement ses commerçants, Jean-Pierre Gaitet affirme ne pas avoir eu le choix. "J'ai constaté de nombreuses incivilités. Des semi-remorques passaient régulièrement et cela a endomagé la structure", explique le maire de la commune. Le pont était pourtant interdit à la circulation pour tout véhicule de plus de 6 tonnes. 

A l'origine, il s'agit d'un pont agricole érigé dans les années 40 ou 50 pour que les paysans de la commune puissent accéder à leurs champs qui forment aujourd'hui le parc de Miribel-Jonage. Il n'est donc pas du tout adapté au passage régulier de véhicules. De 2 500 en 2018, le nombre de traversée a presque doublé en 2022. 

"En plus des tabliers abaissés, on avait aussi mis en place des gabarits qui étaient systématiquement accrochés par les camions. Cela impactait la culée du pont, le fragilisant aussi", se désole le maire. 

900 000 euros de réparation 

Une première étude a été commandée par la commune pour réhabiliter le pont. Elle chiffre à 900.000 euros le coût des réparations. Néanmoins, le maire affirme que cela n'est pas la solution parfaite. "La berge s'effondre également, il faudrait aussi y faire des travaux.

Il appelle donc de ses voeux la construction d'un nouvel ouvrage. "L'idéal serait de construire un pont autoroutier de 2x2 voies adapté aux usages d'aujourd'hui. Cela prendrait des années mais c'est la solution", affirme Jean-Pierre Gaitet. 

Et pour que ses commerçants retrouvent leur clientèle, l'édile ne manque pas d'idées. "On va restaurer la Vierge du Mas Rillier (il s'agit d'une Madone de 32m de haut qui surplombe la commune ndlr). Avec ce projet on espère relancer l'activité touristique de la ville", conclut le maire.

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