La production mondiale de bétail a augmenté de manière significative depuis les années 1960 et la production de bœuf a plus que doublé sur cette même période. Or l’élevage des ruminants crée, chaque année, 90 millions de tonnes de méthane. Des solutions existent pour réduire les émissions de ce gaz à effet de serre ultra puissant.
L'agriculture de manière générale est l'une des principales sources d'émission de gaz à effet de serre (11 % des GES de l'Union européenne.) À lui seul, le secteur agricole produit 55 % de méthane, essentiellement connu comme étant le principal composant du gaz naturel. Le CH4 n'est pas dangereux pour la santé, car incolore, inodore et non toxique, mais il l'est beaucoup plus pour la planète en accentuant son réchauffement.
Pourquoi les vaches produisent autant de méthane ?
Dans le règne animal, les ruminants et notamment les bovins sont les plus grands producteurs de méthane (80 %). Comment expliquer qu'ils produisent autant de gaz ?
Il faut savoir qu'ils possèdent quatre estomacs, qui leur permettent de digérer. Le premier, le rumen, sert à avaler les aliments pour ensuite les régurgiter puis les remâcher avant de les envoyer de nouveau dans l'estomac. Ceci 8 à 12 heures par jour. Cela permet aux vaches d'assimiler correctement la cellulose des végétaux contenus dans l'herbe ou les fourrages.
Les microorganismes vont fermenter les aliments ingérés et c'est là qu'est produit le méthane. Le gaz est ensuite éructé par la bouche ou par les flatulences.
« Le bilan de l'élevage bovin pour le climat est défavorable »
C'est ce qu'écrit la Cour des comptes dans un rapport sur les soutiens publics aux éleveurs bovins présenté en mai 2023.
"Le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane (...) appelle nécessairement une réduction importante du cheptel", et à "définir et rendre publique" une stratégie en la matière.
Selon les estimations du ministère de l'Agriculture, les hypothèses sur l'évolution du cheptel bovin pourraient passer à environ 15 millions de têtes en 2035 et 13,5 millions en 2050, sachant que la baisse a commencé (- 10 % en six ans). L'idée étant d'accompagner les éleveurs les plus en difficulté pour qu'ils se tournent vers d'autres systèmes de production.
La Cour des comptes précise qu'il n'y a pas vocation à entamer la "souveraineté" de la France en matière de viande rouge. Elle invite cependant les consommateurs à suivre les recommandations des autorités de santé de ne pas en manger plus de 500 g par semaine (seuil actuellement dépassé par 28 % des adultes).
De son côté, l'INRAE (l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation, l'environnement) mène des travaux depuis plusieurs années. Entre autres solutions, l’élevage à l’herbe permet de maintenir des prairies permanentes qui stockent du carbone et représentent un réservoir de biodiversité. Les travaux des chercheurs analysent l’efficacité de la Politique agricole commune actuelle et proposent des améliorations pour encourager le maintien des prairies permanentes.
D'autres solutions testées dans le monde
Il y a d'abord celle des compléments alimentaires. Une société basée au Pays de Galles a conçu des granulés à base d’extrait de citron et d’ail pour agir sur la digestion des ruminants. Les actifs présents traitent directement les microbes du microbiome de l’animal pour réduire jusqu’à 30 % l’émission de méthane.
En Nouvelle-Zélande, il existe même un vaccin. C’est une question urgente vu le nombre de moutons sur le territoire. Cette injection engendre une réponse du système immunitaire de l’animal qui crée des anticorps dans sa salive pour lutter contre les méthanogènes, les microbes présents dans le rumen responsables du méthane.
La production de gaz vert
La France est engagée dans un vaste processus de production de gaz renouvelable. D’ici à 2050, l’intégralité de la demande pourra être couverte. 1/3 des sites de méthanisation en France sont implantés en Auvergne-Rhône Alpes. Le biométhane utilise les effluents issus de l’élevage ainsi que les déchets alimentaires désormais triés à la source. De quoi produire une énergie vertueuse et locale.
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