Dans l'Ain, et en France, on a gardé tous les savoir-faire pour la fabrication des verres et montures optiques. Les carnets de commande sont pleins. Les fabricants s'inquiètent plus pour le recrutement d'une main d'œuvre qualifiée qui se raréfie.
En France, il se vend près de 36 000 paires de lunettes de vue chaque jour, soit environ 13 millions par an pour un chiffre d’affaires d’environ 6,5 milliards d’euros. L'Ain et sa plastics Vallée sont (avec le Jura) au centre de cette manne économique.
Le secteur français de l'optique retrouve son attrait et investit pour répondre à la demande, explique Laure-Anne Copel, secrétaire générale du GIF (groupement des industriels et fabricants de l'optique).
Où en est le secteur de l'optique français aujourd'hui?
" Il existe environ 200 entreprises, pour quelque 10.000 emplois en France, que ce soit les sous-traitants, les créateurs, les fabricants. Il y a essentiellement deux gros bassins, l'Ain et le Jura. Le secteur a connu un décrochage dans les années 1980-1990, avec une vague très importante de délocalisations, à la fois pour la production de verres et celle des montures. Mais on assiste depuis quelques années à une forte volonté de réindustrialisation, renforcée par la crise sanitaire. Pour la fabrication des verres, fabriqués sur mesure pour chaque client, c'est lié à la volonté de répondre à la demande rapidement.
Pour les montures, on a actuellement un accroissement des capacités de production pour répondre à la forte demande. Les donneurs d'ordres ont gardé en mémoire la rupture des chaînes d'approvisionnement pendant la pandémie de Covid-19. Cela s'ajoute à la volonté du consommateur d'avoir des produits français. Heureusement, on avait gardé tous les savoir-faire. Les carnets de commande sont pleins."
Les enjeux principaux aujourd'hui?
" L'une des principales difficultés est le recrutement. La pyramide des âges en entreprise vieillit, il est très difficile de trouver des personnes formées et les entreprises forment donc en interne. Ce sont des métiers techniques qui demandent une expertise.
Parallèlement, comme dans tout le reste de l'industrie, nous sommes confrontés à une hausse des coûts de production, car c'est un secteur qui consomme beaucoup d'énergie, en particulier pour la fabrication des verres. On a en outre des ruptures d'approvisionnement sur certains matériaux. L'enjeu, c'est d'accélérer ce qui était en train d'être mis en place, s'orienter vers des matières premières plus durables et œuvrer à une meilleure efficacité énergétique. "
Est-ce que la concentration dans le secteur est un danger, avec un géant de l'optique comme EssilorLuxottica ?
EssilorLuxottica est né de la fusion des deux géants de l'optique, le français Essilor et l'italien Luxottica, en 2018.
"Depuis plusieurs années, il y a un boom de créations d'entreprises dans le secteur de l'optique. Souvent par des opticiens qui suivent des formations auprès des Meilleurs ouvriers de France, et décident de lancer leurs propres collections. Cela a notamment été facilité par l'arrivée de robots à commande numérique. Ces dynamiques sont complémentaires. Tout cela permet de continuer à faire rayonner la France comme l'un des leaders de l'optique mondiale.
On exporte peu de verres, mais pour les montures, l'industrie vend pour moitié en France, l'autre moitié vers l'international, les pays scandinaves ou des pays asiatiques comme le Japon. La création lunetière française est reconnue pour ses formes, sa couleur. Nous sommes optimistes."
Avec AFP