Pas de rentrée pour une école catholique pour jeunes filles, dans l'Ain, suite à une décision préfectorale

La préfecture de l'Ain a décidé d'interdire l'ouverture de la "Maison de l'éducation Pauline Jaricot". Cette école catholique réservée aux jeunes filles souhaite prendre part "au grand combat pour la restauration de l'idéal chrétien". Elle devait ouvrir ce mardi 17 septembre. La préfète de l'Ain en a décidé autrement. La direction a déposé une requête devant le tribunal administratif.

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À Châtillon-sur-Chalaronne, l'établissement privé hors contrat Pauline Marie Jaricot n'a pas ouvert ses portes ce mardi 17 septembre, comme prévu. Les conséquences d'une décision préfectorale intervenue quelques jours auparavant, le 13 septembre. Cet établissement catholique traditionaliste entend se consacrer à l’éducation féminine.

Opposition préfectorale

"Le recteur de l'académie de Lyon a transmis le 17 juin 2024 à la préfète de l'Ain le dossier d'ouverture", indique la préfecture dans un communiqué ce lundi 16 septembre. "Considérant les informations à sa disposition, la préfète de l'Ain a formé opposition à l'ouverture de l'établissement en lien avec le rectorat. Cette décision a été notifiée à la personne responsable de l'établissement, qui a formé un recours devant le juge administratif", indique la préfecture.

"Conformément à l'article L.441-1 du Code de l'éducation, l'autorité compétente de l’État en matière d'éducation, le maire, le représentant de l’État dans le département et le procureur de la République peuvent former opposition à l'ouverture d'un établissement privé hors contrat dans l'intérêt de l'ordre public ou de la protection de l'enfance et de la jeunesse", rappelle la préfecture de l'Ain dans son communiqué. L’intervention de la préfète est motivée par cet article, mais elle ne donne aucun détail.

"S’agissant d’une situation portée devant la justice administrative, la préfecture ne peut communiquer sur ce dossier", a par ailleurs indiqué la préfecture de l'Ain.

"Idéal chrétien"

La direction de cet établissement privé traditionaliste, contactée ce lundi par téléphone, a indiqué ne pas avoir "envie de communiquer". Elle indique cependant que "la rentrée a été reportée le temps d'élucider ce problème administratif". "On attend le retour de la préfecture pour avoir plus d'explications", selon la directrice. Cette dernière a ajouté cependant avoir eu "quelques inscriptions" pour la rentrée, n'a pas souhaité en dire davantage.

Le site internet de l'école dévoile en revanche plus d'informations. Le projet pédagogique et ses objectifs tiennent en quelques mots : "Conduire chaque jeune fille à donner le meilleur d’elle-même, grâce à nos cadres éducatifs formés et engagés dans l’éducation intégrale au service de la jeunesse féminine". "Notre Maison d'éducation prend part au grand combat pour la restauration de l’idéal chrétien de nos ancêtres dont nos familles doivent être les vivants foyers", est-il souligné. L'école prétend prôner "épanouissement spirituel", "excellence scolaire", "éducation à la liberté", sans oublier "la formation artistique".

Cette école privée hors contrat pour jeunes filles entend proposer un enseignement de la classe de 6ᵉ à la classe de terminale. La Maison de l'éducation indique proposer un "suivi pédagogique avec effectifs réduits". Les élèves seront également tenues d'arborer un uniforme. Le site de l'école en donne les détails : lavallière, jupe, foulard et béret sont fournis par l'établissement. Pour le reste de la tenue, aux codes classiques, les élèves devront porter un blazer bleu marine, une chemise blanche et des chaussures en cuir.

Quant aux horaires, le site affiche encore, deux semaines après la date officielle de la rentrée scolaire, la mention "bientôt disponibles".

"Transparence"

Du côté de la mairie, on ne fait pas de commentaires particuliers sur cette rentrée avortée. La commune de Châtillon-sur-Chalaronne est propriétaire du bâtiment qui devait recevoir l'école. "C'est une location avec option d'achat. Le bâtiment était fermé et les acheteurs ne se bousculaient pas", a souligné le maire Patrick Mathias. Sa vente permettra à la petite commune d'investir sur d'autres projets profitables à la collectivité, selon les dires de l'édile. L'école a établi ses quartiers dans les locaux de l’ancien musée Traditions et Vie. Des travaux ont été réalisés pour accueillir les élèves. Côté sécurité, les voyants étaient au vert : avis favorable du SDIS et de la DTT, d'après le maire.

La présence de cette école posait-elle problème à Châtillon-sur-Chalaronne ? En a-t-elle effrayé certains ? Il n'y a pas eu de réactions particulières dans la commune de la Dombes, selon le maire. La ville de près de 5000 habitants compte déjà un établissement privé sous contrat avec l'État. Il s'agit de l'ensemble scolaire Saint-Charles qui compte une maternelle, une école primaire et un collège. "Il y a même une église traditionaliste installée depuis les années 70 sur la commune", souligne le maire après avoir égrené les différentes écoles privées. 

Pour Béatrice Desboeuf, de la Section de la Libre Pensée de Châtillon-sur-Chalaronne, le maire "minimise" et "ne veut pas de polémique". Ce groupe apolitique local a fait parvenir en mai dernier une lettre ouverte aux conseillers municipaux. Dans ce courrier, il évoquait de possibles liens entre le cofondateur de l'école et le mouvement catholique intégriste Civitas. Ce mouvement a été dissous par décret en octobre 2023. "Quels sont leurs enseignements ? Qui sont-ils ?", s'interroge Béatrice Desboeuf.

Les porteurs du projet de Maison d'éducation se sont présentés au conseil municipal, "ils ont exposé leur projet, ils ont été très transparents", assure Patrick Mathias. La Maison de l'éducation Pauline Jaricot doit dans un premier temps accueillir 12 élèves. Des jeunes filles des communes alentours, jusqu'à présent scolarisées à la maison, d'après le maire. Mais pour Béatrice Desboeuf, le nombre de 12 élèves n'est pas un hasard, "au-delà de 12 élèves, il y a des contraintes supplémentaires". 

L'affaire a été portée devant la justice administrative par la responsable de l'établissement. On ignore pour l'heure si cette institution d'enseignement réservée aux jeunes filles pourra ouvrir ses portes.

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