Le département de l'Ain compte une nouvelle députée dans le pays de Gex. Sophie Delorme-Duret a remplacé Olga Givernet qui a fait son entrée au gouvernement comme Ministre déléguée chargée de l’énergie et qui a donc laissé son siège à sa suppléante. La nouvelle parlementaire va être confrontée à de nombreux défis, à commencer par celui des déserts médicaux.
"Je n'ai pas sauté de joie dans l'immédiat, j'ai eu 15 minutes pour prendre ma décision. C'est un véritable défi", a expliqué Sophie Delorme-Duret (Ensemble pour la République) lors d'une conférence de presse. Elle est devenue la nouvelle députée de la 3ᵉ circonscription du département de l'Ain, celle du pays de Gex. Elle vient d'en hériter après l'entrée d'Olga Givernet au gouvernement.
Démographie, logement, désert médical… En perpétuelle évolution, ce territoire voisin de la Suisse, où s'installent de nombreux travailleurs frontaliers, est confronté à de nombreuses difficultés. La nouvelle députée EPR de l'Ain, qui a pris ses fonctions le 22 octobre dernier, devra relever de nombreux défis, notamment dans le domaine de la santé.
Désert médical
Âgée de 53 ans et originaire de Grenoble, la nouvelle parlementaire est pharmacienne de formation. Elle n’a jamais eu de mandat d’élue locale, c'est une première expérience politique. Elle est cependant élue auprès de l’Union régionale des professionnels de santé depuis 2022. Va-t-elle pouvoir conserver ce mandat ? La question est posée.
Mais Sophie Delorme-Duret est surtout à la tête d'une officine dans la commune de Ferney-Voltaire. Son entrée à l'Assemblée nationale ne changera rien. La nouvelle députée entend garder sa pharmacie et maintenir ses fonctions, au moins un jour par semaine.
L’officine est son entreprise. Sophie Delorme-Duret ne se voyait pas raccrocher la blouse, même le temps d'un mandat. C’est aussi l’occasion de rester ancrée sur ce territoire. Le Pays de Gex est un désert médical avec seulement 30 généralistes pour plus de 100 000 habitants. La députée est très attendue sur les questions de santé et entend se saisir du problème. "Ce qui m'a motivée, ce sont vraiment les sujets de santé", a indiqué la parlementaire.
Nous aussi, on a le droit d'être soigné honorablement et correctement. On va essayer de travailler là-dessus.
Sophie Delorme-DuretDéputée EPR de l'Ain
Engagée, Sophie Delorme-Duret a aussi contribué à la création de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du Pays de Gex en 2021.
"Tous les jours, on a des demandes de patients. Avec la CPTS, on essaie d'y répondre (...) Tous les jours, certains me disent : je n'ai pas de médecin, je n'ai pas d'infirmier, je n'ai pas de kiné. Je suis moi-même aussi personnellement confrontée au problème. On est très conscient de ça, de la concurrence vive de la Suisse, près de chez nous. Je n'ai pas de baguette magique, mais on essaie de répondre avec la CPTS en s'organisant entre professionnels pour être efficaces", et soutenir les soignants encore présents sur le territoire. "Il faut les soutenir et recruter d'autres ressources", assure la députée.
"Il faut se battre"
Un hôpital manque aussi dans le Pays de Gex. Conséquence : la plupart des patients doivent passer par Genève pour aller se faire soigner de l’autre côté, dans le département de Haute-Savoie. "Je pense qu'il faut un hôpital sur le pays de Gex. Un hôpital ou une clinique, public ou privé, pour pouvoir proposer de la chirurgie, de la gynécologie. Il ne faut pas se leurrer : on est en concurrence avec d'autres territoires. Il faut se battre", a déclaré la parlementaire lors de sa conférence de presse.
Les élus locaux sont ravis d’entendre ça. "Si elle a des armes, c'est à nous aussi, élus du territoire, de l'aider à porter aussi la bonne parole au niveau de l'État", a déclaré Daniel Raphoz, maire (Horizons) de Ferney-Voltaire. "Elle est armée, elle connaît le sujet. Elle a conscience des besoins du pays de Gex", a indiqué l'élu. "Un hôpital, un lieu de soin, est essentiel et dans le pays de Gex, ça devient criant (...) Le besoin est là. Actuellement, se faire soigner dans le pays de Gex, c'est une galère. Les soins palliatifs, c'est une catastrophe. Il faut se réveiller. Tous les élus sont conscients de ça", ajoute Daniel Raphoz. Mais le maire a bien conscience que mener à bien ce projet "demande des années".
La nouvelle députée pharmacienne n’a donc pas le choix. Il va lui falloir trouver des remèdes pour le Pays de Gex.