Recherche infirmière désespérément, Jamila doit renoncer à travailler pour faire les injections de sa fille diabétique

A Ornex, dans l'Ain, Jamila Tounsi ne parvient pas à trouver une infirmière pour administrer à sa fille de 4 ans ses injections d'insuline quotidiennes. La pénurie de soignants contraint la maman solo à assurer elle-même ces piqûres, au détriment de son activité professionnelle.

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Les déserts médicaux ne sont pas réservés aux zones rurales isolées. Dans le Pays de Gex, territoire prospère frontalier de la Suisse, la pénurie de soignants se fait cruellement sentir.

Résidant dans la commune d'Ornex, Jamila retrouve 4 fois par semaine sa fille à la cantine scolaire pour lui administrer la dose appropriée d'insuline après le repas. La petite Layla est diabétique et cette injection est vitale pour elle. Un geste médical délicat puisque le dosage doit être adapté à chaque fois.

Idéalement, un.e infirmier.ère libéral.e se chargerait de cette tâche, car il est exclu que les personnels scolaires ou périscolaires en prennent la responsabilité.

Mais impossible dans ce coin de l'Ain, de trouver un professionnel disponible, les démarches de Jamila ont été vaines. Conséquence : cette maman solo n'a d'autre choix que de sacrifier sa carrière. Avec ses contraintes horaires, elle ne parvient pas convaincre un employeur de l'embaucher comme agent immobilier.

"Quand je parle de mes obligations on me dit que ça va être très compliqué. Finir à 11h30 pour aller à l'école c'est difficile. Et je dois finir à 17h maximum car son injection est vitale" 

Jamila se dit choquée d'avoir des réponses négatives à répétition mais pas étonnée. 

Le Pays de Gex, un désert médical

En matière de démographie médicale, les chiffres rapportés par le Département de l'Ain sont éloquents : avec 6,9 médecins généralistes pour 10 000 habitants contre 8,9 au niveau national, la situation est préoccupante. Aux problématiques d’installation des professionnels que rencontrent de nombreux territoires français, s'ajoute un phénomène propre au département : une forte hausse de la population qui accentue les besoins. 

La situation sur le Pays de Gex est particulièrement tendue avec une croissance démographique très forte et, parallèlement, une densité de médecins généralistes parmi les plus faibles du département (Secteur Thoiry : 3,3/10 000 habitants ; Secteur Saint-Genis : 4,2/10 000 ; Secteur Gex : 5,7/10 000 ; Secteur Ferney : 6,2/10 000). Le territoire est classé en zone d’intervention prioritaire. Plus de 50% des médecins généralistes y ont plus 60 ans.

Un observatoire transfrontalier des personnels de santé

La pénurie touche aussi les infirmiers.ères, au point qu'un observatoire transfrontalier des personnels de santé franco-genevois a été créé fin 2015. En effet, le différentiel de salaire entre le Canton de Genève et les départements français frontaliers pousse un grand nombre d’infirmiers diplômés en France à partir travailler en Suisse où les salaires sont plus avantageux.

Pour pallier ce phénomène, l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes et les établissements hospitaliers de la région genevoise partagent leurs statistiques. Il s'agit de mieux connaître les parcours des professionnels de santé et de mieux identifier les besoins des systèmes de soins français et suisse. Les Hôpitaux Universitaires de Genève ont comptabilisé leurs personnels titulaires résidant dans l’Ain ou en Haute-Savoie : en septembre 2017, 2 352 infirmiers français ont été recensés, assurant 63 % des postes permanents des HUG.

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