Le centre culturel Aragon d'Oyonnax consacre une exposition au grand couturier Paco Rabanne. Ce dernier a donné au plastique une place dans le domaine de la haute-couture. A découvrir dans la capitale de la plasturgie jusqu'au 11 mars.
Dans les années 60, le créateur Paco Rabanne a donné à la mode des accents industriels. La ville d'Oyonnax lui rend aujourd'hui hommage à travers une exposition intitulée "Paco Rabanne, de la tête aux pieds !". Cette exposition rassemble des robes et pour la première fois, les chaussures conservées par le Musée de la chaussure de Romans/Isère.
Mode et matières industrielles
Paco Rabanne fait figure de créateur avant-gardiste. C'est en a première collection est présentée. Un manifeste plus qu'une collection. Du jamais vu : "12 robes importables en matériaux contemporains", agrémentées de sequins et de plaques en rhodoïd. Cette matière plastique à base d’acétate de cellulose remplace le tissu. Constituées de matériaux rigides, ces robes audacieuses deviennent l'emblème d'une mode futuriste.
Paco Rabanne a délaissé l'aiguille et le fil pour la pince et le chalumeau.
Virginie Kollmann-CailletConservatrice
"Ça fait partie de ces robes fondatrices qui sont constituées de plaques d'acétate de cellulose, reliées par des petits anneaux de métal", explique la conservatrice Virginie Kollmann-Caillet en montrant une des robes phares signées Paco Rabanne. Il substitue le rivetage à la couture.
Désignant une autre robe constituée de gobelets jetables en polystyrène, elle explique : "il avait à cœur de réutiliser des objets, de les détourner". Comme cette robe, composée d'un tutu de gobelets en polystyrène de la collection Haute couture automne-hiver 1995-1996. Extrêmement fragile, elle a fait l'objet d'une restauration par une spécialiste des matières plastiques. Une robe qui s'apparente davantage à un exercice de style, à "un manifeste ou une oeuvre d'artiste", selon la conservatrice.
Une mode dépoussiérée, bousculée. Mais Paco Rabanne ne s'arrête pas là. Il pousse la provocation jusqu'à créer des robes entièrement métalliques. La cotte de maille ou le tablier de protection pour les bouchers inspirent le créateur. Il devient le "métallurgiste de la mode". "On a toujours nos pastilles d'acétate reliées par des anneaux de métal. Elles symbolisaient pour lui la femme libérée, l'amazone, la guerrière", ajoute Virginie Kollmann-Caillet.
Hommage à la capitale de la plasturgie
Paco Rabanne a donné au plastique toute sa place dans le domaine de la haute couture. En 1996, le créateur extravagant a fait don de 32 robes et d'accessoires au musée du Peigne et de la Plasturgie d'Oyonnax. Des pièces constituées partiellement ou en totalité à base de matière plastique.
Ce sont 32 robes griffées qui ont ainsi été offertes par le créateur à la ville d'Oyonnax avant son retrait de la scène médiatique. Un hommage à la ville du plastique. Et la ville en prend grand soin. "Il faut faire attention à la façon dont on les préserve. Car le plastique reste fragile, c'est tout de même du fait main. C'est vraiment un très beau cadeau. On est très heureux", explique Anne Morel, adjointe déléguée à la culture
Paco Rabanne, âgé aujourd'hui de 88 ans, vit aujourd'hui en Bretagne, loin des podiums parisiens.