De lourdes peines ont été requises à l'encontre des accusés dans l'affaire des crimes de Montluçon (Allier) jeudi 21 novembre devant la Cour d'assises de Moulins. L'excuse de minorité a été levée pour l'un d'eux, âgé de 17 ans au moment des faits.
Au terme du quatrième jour de procès dans l'affaire des crimes de Montluçon, l'avocate générale a requis la perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans à l'encontre de Z.A.T, le plus âgé des deux accusés. Pour le plus jeune, âgé de 17 ans au moment des faits, l'excuse de minorité a été levée et 30 ans de réclusion criminelle ont été requis. Pour les deux accusés, s'ajoutent un suivi socio-judiciaire et une injonction de soins sans limite de temps.
La journée de mercredi 20 novembre avait été consacrée à l'étude de la personnalité des deux jeunes accusés. Tous deux originaires de Mayotte et ayant eu une enfance empreinte de violence, ils ont été envoyé en métropole par leurs parents alors qu'ils étaient adolescents. Les deux accusés sont des consommateurs réguliers de cannabis et d'alcool.. Les deux hommes de 21 et 20 ans comparaissent pour les "meurtres accompagnés ou suivis d'actes de torture ou de barbarie" de Ginette et Massimo Degl'Innocenti, 85 et 71 ans et Jeannine Ponce, âgée de 74 ans. Ils sont également accusés du "viol en réunion" d'une jeune femme dans son appartement devant son compagnon violenté et séquestré, la même nuit que le meurtre de Mme Ponce.
"Vous avez tué tous les deux, vous avez massacré tous les deux"
L'avocate générale Emmanuelle Fredon a déclaré à la Cour, au sujet des époux Degl'Innoncenti : "Ces meurtres ont-ils été commis par ces individus? Répondez oui, cent fois oui". Puis elle s'est adressée aux accusés: "Vous avez tué tous les deux, vous avez massacré tous les deux, pour que Massimo (Degl'Innocenti) sorte difficilement 10 euros de sa poche et ce n'était pas assez". Pour Mme Ponce : "cet acharnement, cette boucherie étaient-elle nécessaires" alors qu'elle "n'était que terreur? Elle ne pouvait rien, rien contre vous", a-t-elle lancé."Il n'y a pas de commune mesure dans une cour d'assises de devoir juger des faits d'une telle nature, d'une telle gravité", a encore estimé l'avocate générale. "Même pour des professionnels, de la police judiciaire, les experts, les magistrats, les avocats, c'est quelque chose de difficile à vivre", a-t-elle ajouté. "J'ai quelques années d'assises derrière moi et j'appréhendais la confrontation avec les accusés mais j'avais ce fol espoir d'obtenir, de tenter de ramener les accusés dans la communauté des humains", mais "j'ai été terriblement déçue", a-t-elle souligné.