Grand débat national : Edouard Philippe s'invite à Lenax, petit village de l'Allier

Jeudi 31 janvier, le Premier ministre Edouard Philippe s'est invité à une réunion dans le cadre du Grand débat national à Lenax, petit village de moins de 300 habitants, dans l'Allier. Au coeur des échanges : agriculture, 80 km/h, commerces qui ferment, déserts médicaux et écologie.

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Dans le cadre du Grand débat national, une réunion était organisée par le maire du petit village de Lenax, dans l'Allier. Dans cette petite commune de moins de 300 habitants, les participants ont eu la surprise de voir arriver le Premier ministre Edouard Philippe.
Un débat citoyen diffusé en direct sur la page Facebook du chef du gouvernement.
 Dans la salle polyvalente de la petite commune, au programme des échanges, notamment, la transition écologique. Après Sartrouville et Juvisy-sur-Orge, c'est la troisième fois en 6 jours que le Premier ministre s'investit personnellement dans le Grand débat, à la rencontre des citoyens. Le chef du gouvernement était accompagné d' Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à la Transition écologique.

Je suis gilet jaune, c'est vrai, mais c'est aussi parce que je voulais pas que le monde rural soit oublié


Dans la salle communale, une quarantaine de personnes, parmi lesquels des gilets jaunes mais aussi des agriculteurs sceptiques sur la fin du productivisme, inquiets de l'avenir en pointillés de la PAC ou des concurrences à armes inégales, ou peu portés par la vogue du bio... Des éleveurs de campagne qui se disent stigmatisés par L214 et les militants du bien-être animal... Le passage dans cette partie reculée du Bourbonnais a beaucoup tourné autour des questions agricoles.
"Je suis gilet jaune, c'est vrai, mais c'est aussi parce que je voulais pas que le monde rural soit oublié", explique un agriculteur, la quarantaine. "On a beaucoup d' »agriculture-bashing » (dénigrement du monde agricole, ndlr) dans les médias", s'émeut la vétérinaire des environs. "Ici on fait des bovins allaitants charolais, c'est respectueux de l'environnement. On a des systèmes bocagers avec beaucoup de haies et les agriculteurs d'ici utilisent peu de pesticides", plaide-t-elle.
"On essaie de développer les circuits courts, mais on garde l'idée d'une agriculture qui soit compétitive. Nous avons des marchés à l'étranger que nous ouvrons... Pour les agriculteurs français, le CETA c'est un superbe traité", défend Édouard Philippe.
 

Il n'y a jamais eu aussi peu de morts sur le réseau en France depuis qu'on compte. 116 morts en moins grâce aux 80 km/h. C'est pas rien !


Dans le coin, le "grand débat" reste petit : deux maires seulement ont décidé d'organiser des réunions. Pascal Baudelot, le maire de Lenax  est déçu par ses voisins. "C'est une occasion unique. Tout le monde peut apporter sa petite contribution", plaide-t-il.
Guy Labbé est l'édile du Donjon, qui fait presque office de gros bourg ici avec ses 1.100 habitants. Il "trouve inadmissible qu'on mette les 80 km/h sur les routes qui ont des bandes blanches". Il propose de ne laisser les 80 km/h que pour les petites routes de campagne sans peinture.
"Il n'y a jamais eu aussi peu de morts sur le réseau en France depuis qu'on compte. 116 morts en moins grâce aux 80 km/h. C'est pas rien!", défend Philippe.
 


Un de ses administrés interpelle le Premier ministre sur la fermeture des commerces "dans nos beaux villages". "On est tous attachés à avoir un petit café où on peut se réunir, il faut vraiment nous aider".
 

C'est beau, mais c'est loin !

Le Premier ministre dit réfléchir "à des mécanismes qui inciteraient très fortement à l'ouverture de commerces dans les toutes petites communes. Il faut qu'on essaie de trouver un dispositif. J'y crois beaucoup mais j'ai pas encore la solution", reconnaît-il.
Les médecins ? Ici il faut neuf mois pour voir un spécialiste, plus d'une semaine pour un généraliste, explique une habitante. Un futur projet de loi va faire disparaître les numerus clausus, répond Philippe. "Ah!", saluent plusieurs dans la salle. Mais il n'est pas question de contraindre des médecins à s'installer à la campagne, tente-t-il de faire admettre.
Venu avec la secrétaire d'État à la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, sa camarade de promo à l'ENA, Édouard Philippe le juppéiste cultive son côté chiraquien, qui lui a souvent fait défaut quand beaucoup ont attaqué sa raideur "techno" au début de la crise des "gilets jaunes".
Il s'excuse d'être arrivé en retard : Lenax, "comme disait le président Chirac, c'est beau, mais c'est loin !"
En multipliant les déplacements, le Premier ministre veut aussi tuer cette rumeur voulant qu'il ne partage pas l'enthousiasme d'Emmanuel Macron pour le grand débat. Des débats "passionnants" et "utiles" aux yeux d'Edouard Philippe.

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