Après le départ de la dernière médecin titulaire le 1er novembre, le service pédiatrie de l'hôpital de Montluçon était menacé de fermeture. Mais la mobilisation du groupement hospitalier de territoire a permis de maintenir l’ouverture du service.
L'entraide des hôpitaux de la région a évité un désert pédiatrique à Montluçon. "On a organisé depuis Clermont Ferrand la continuité des soins pour que la maternité, l’obstétrique, puissent continuer de fonctionner et qu’il y ait une capacité minimale à Montluçon. Chaque jour, il y a deux médecins de Clermont qui viennent. Un qui reste pour 24 h, l’autre qui reste pour la journée qui est responsable des urgences et du fonctionnement du service" explique le professeur Étienne Merlin, chef du pôle femme-enfant au CHU de Clermont-Ferrand.
Selon lui, il était impensable de fermer un service qui concerne un bassin de 150 000 habitants. "Chaque fois qu’on fait une garde sur 24 h, on accueille au moins un enfant dans une situation où on se demande comment ça se serait passé s’il avait dû faire 100 km de plus" raconte-t-il.
Huit lits sont maintenus
Actuellement, le service fonctionne au tiers de sa capacité, et les huit lits maintenus sont tous occupés. Et la population doit appeler le 15 avant de se rendre aux urgences. "Le 15 redirige vers la médecine de ville ou l’hôpital de Montluçon, en fonction de la gravité" explique le professeur.
C'est le cas de Sabrina Chaubron, pour sa fille Emma. "J’ai appelé le 15 le dimanche matin en expliquant les pathologies qu’elle avait. Et le médecin régulateur a voulu m’envoyer vers le médecin de ville. Ce que je n’ai pas voulu. Je lui ai demandé si je pouvais descendre à Montluçon. Il m’a dit que c’était compliqué. Je lui ai dit que je savais, qu’Emma était suivie là-bas. Qu’elle n’a jamais vu de général de sa vie, comme elle avait une pathologie"
La réduction du service pédiatrie modifie le suivi de sa fille. Une situation où elle se sent "un peu perdue. Je me suis dit comment on va faire ? Surtout que les pédiatres étaient compétents, ils faisaient la liaison avec le CHU, pour ma fille, il s’occupait de tout. Maintenant, on se dit, si on a une question comment on fait ? Là, elle va être suivie par un pédiatre de ville. Du coup, est-ce qu’elle a le même rapport avec le CHU ? Est-ce qu’elle pourra faire la même liaison ? On ne sait pas on est dans le flou."
Du renfort dès janvier 2023
Pour améliorer de façon pérenne la situation, la direction du CHU de Clermont-Ferrand confirme l’arrivée de nouveaux médecins dans les mois à venir. "Il est hors de question que le service hospitalier pédiatrique sombre. On aura des renforts en janvier. En novembre 2023, on aura une pérennité de l’équipe qui s’installera […] On a des engagements écrits" confirme Didier Hoeltgen, directeur général du CHU de Clermont-Ferrand.
Cependant, l'espoir demeure "tout petit" pour la directrice de l’hôpital de Montluçon qui rappelle qu’il y a sept postes budgétés. "Le Graal serait d’avoir sept pédiatres comme il y a eu en 2014, 2015." Loin d'être un cas isolé, l'hôpital de Montluçon met en lumière les difficultés de recrutement du service public hospitalier.