INSOLITE. Au château de Peufeilhoux dans l'Allier, des abeilles vivent par milliers dans un couloir secret et inaccessible

Des abeilles par centaines de milliers au château de Peufeilhoux dans l'Allier ! Bien à l'abri des intrus. Elles vivent depuis des décennies, voire des siècles, dans un couloir caché dans un mur, inaccessible pour les propriétaires. Il a fallu la mise au jour d'une vitre datant du Moyen-âge pour découvrir leur existence.

Au premier abord, on a l’impression de se trouver devant une œuvre d’art. Des dégradés de beige, d’ocre et de rouille. Comme un paysage abstrait vu du ciel. Et lorsque l’on s’approche, le tableau devient vivant. Il s’agite, grouille, s’entortille. Il œuvre au bien-être de la colonie. Derrière la petite vitre, certainement aussi moyenâgeuse que le château, des milliers d’abeilles exécutent leur tâche quotidienne. Méticuleusement. Sans se soucier des yeux qui les fixent avec surprise. De quoi en rester bouche bée.

« Nous avons découvert cette vitre fin juillet 2003, juste après avoir acheté le château. » Claude Thévenin est l’heureux propriétaire du château de Peulfeilhoux à Vallon-en-Sully dans l’Allier. Une magnifique bâtisse du XVe siècle située à quelques encablures de la belle forêt de Tronçais.

Claude, facétieux châtelain de 76 ans à l’esprit enfantin, se régale d’avoir de telles colocataires. « Nous ne nous en occupons pas ! Nous les laissons travailler derrière la fenêtre. Nous n’ouvrirons jamais ! », lance-t-il, déterminé comme un chevalier peut l’être pour défendre sa damoiselle. « Elles sont chez elles, ces petites bêtes ! Je ne veux pas les déloger ! Elles sont là peut-être depuis 50 ans  ou plus et nous, nous sommes arrivés bien après ! »

Gluante et pâteuse

Et même s’il cherchait à ouvrir, ce serait bien compliqué. Car le châtelain, avant de savoir qu’il hébergeait un trésor dans l’un des couloirs secrets du château, a bien essayé de comprendre pourquoi l’une des portes de la demeure restait bloquée malgré tous les efforts. « Lorsqu’un menuisier est venu pour régler des fenêtres, il a tenté de l’ouvrir et n’y est pas parvenu. Il a passé une petite caméra par un trou et elle est ressortie gluante et pâteuse. » 

Le mystère va s’éclaircir rapidement lorsqu’un jour, dans la pièce de la grande bibliothèque au rez-de-chaussée, le châtelain et l’un de ses fils s’activent pour rénover l’endroit en vue des prochaines journées du patrimoine. « Derrière la tapisserie, il y avait une plaque de plâtre et cela sonnait creux. Nous avons cassé et dégagé des briques et nous avons découvert au fond à 60 cm cette vitre qui donnait sur un escalier. »

Couloir secret

Claude et son fils réalisent qu’ils ont mis au jour un long couloir qui traverse en hauteur les quatre étages du château et qui était dissimulé dans l’épaisseur d’un mur. Un couloir uniquement accessible par cette fameuse porte qui ne s’ouvre pas.

Avec l’aide d’une lampe de poche, Claude et son fils se rendent compte de ce qu’ils ont sous leurs yeux. «  Nous avons vu que c’était rempli d’abeilles vivantes et nous supposons que tout le couloir est rempli d’essaims d’abeilles. Il doit y avoir plusieurs reines vu la taille du passage. Et nous avons trouvé à l’extérieur quatre endroits d’où elles sortent et rentrent sous les tuiles de la toiture. »

400 000 abeilles

Des abeilles par centaines de milliers. « Une colonie à cette époque peut atteindre 60 à 70.000 abeilles », explique Sébastien Gorse, apiculteur professionnel à Cérilly dans l’Allier. «  D’après la configuration des lieux, il y a 3 à 4 colonies même si c’est difficile à affirmer avec certitude. Il y aurait près de 400.000 abeilles dans le couloir, ce ne serait pas étonnant. »

Ce sont des abeilles noires, la race locale de l’Allier. « Cela arrive que des essaims s’installent dans de vieilles bâtisses ou dans de gros troncs d’arbre », continue l’apiculteur. «  Elles s’adaptent à la taille dont elles disposent. »

Derrière la salle de bain

Des abeilles qui se sont installées au château de Peufeilhoux il y a plusieurs décennies, voire même plusieurs siècles. Et qui y resteront autant d’années si rien ne vient les perturber. « Pour être sûrs que personne ne puisse les déranger, nous avons bouché la porte avec du placo », annonce Claude Thévenin, le protecteur des butineuses.  « Et nous avons construit une salle de bain derrière. Ainsi personne ne pourra les emmerder ! » Et le châtelain de rire comme un enfant. Tout fier de lui.

L’apiculteur, lui, est bien un peu frustré. «  On peut les voir mais on ne pourra jamais accéder pour mesurer le volume de la colonie. »

Abeilles de luxe

Ces colonies d’abeilles à l’abri d’un couloir secret et seulement visibles à travers une petite vitre, resteront à jamais un mystère pour les humains qui traverseront les âges.

Seule consolation possible : s’émerveiller des autres essaims. Ceux qui se sont installés dans la cheminée du gîte du château et dans celle de la tour ronde. Le château regorge d’abeilles. Visiblement les butineuses ont bon goût. Le château de Peulfeilhoux propose depuis 10 ans des chambres d’hôtes très haut de gamme dans un parc verdoyant et fleuri. Il n’en fallait pas moins pour héberger dignement des reines.

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