Vianney, 27 ans, a basculé "en mode survie" en attendant l'arrivée des secours. Le jeune homme disparu dimanche 22 décembre en faisant de la planche à voile au large de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche) nous raconte une nuit qu'il ne risque pas d'oublier.
Il se souvient du vent glacial, des vagues qui frappaient son visage quand elles ne berçaient pas sa planche. Le reste a été englouti par sa mémoire. Vianney, 27 ans, reconnaît "être encore sous le choc" après sa nuit d'horreur, échoué au beau milieu de Manche. Dimanche 22 décembre, le jeune homme a pris la mer avec sa planche à voile près de Saint-Vaast-la-Hougue, sans pouvoir regagner le rivage.
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Un long trou de mémoire
En pleine mer – sans eau, ni ressources alimentaires – rares sont les personnes à survivre au-delà de dix heures. Durant sa disparition, Vianney a tenu dix-neuf heures, dont plusieurs plongées dans l'obscurité, grâce à l'activation de son "mode survie". "Je ne me souviens pas de toute ma nuit. J'ai eu un trou de mémoire de sept heures environ, en 1h et 8h du matin", explique-t-il, en avouant "ne pas encore conscientiser" son expérience.
Je n'ai pas du tout pensé à la mort, ce n'était pas une option. Dans ma tête, je me suis toujours dit que j'allais survivre et qu'on me retrouverait. C'est ma chance.
Vianney, véliplanchiste de 27 ans
De cette nuit d'hiver, agrippé à son flotteur, Vianney se remémore surtout "le froid, malgré [sa] combinaison épaisse". "Je grelottais beaucoup parce que le vent était glacial. Pour me réchauffer, je trempais mon corps dans l'eau", témoigne le véliplanchiste. Une autre anecdote refait surface : "J'ai gardé espoir de A à Z mais c'est vrai que quand les secours ont arrêté les recherches vers 23h, je me suis dit que mes chances se réduisaient".
Le dimanche, Météo France avait placé la Manche en vigilance orange en raison d'une dépression en Mer du Nord. Des rafales de vents jusqu'à 130 km/h étaient annoncées. "Il y avait beaucoup de vagues à certains moments. Je me rappelle avoir été enroulé tandis que ma planche a été emportée. Je devais absolument la récupérer pour survivre", retrace Vianney.
"Je me fixais des objectifs pour tenir"
En raison de la fatigue et de la faim, le jeune homme ne prend pas mesure "de la météo chaotique". "Pour tenir, je me fixais toujours des objectifs comme atteindre une lumière dans la nuit même si je n'y suis jamais parvenu. J'ai continué de garder le moral", témoigne-t-il.
Son calvaire prend fin à l'arrivée des secours, lundi 23 décembre au petit matin. Les recherches interrompues la veille ont repris et un hélicoptère H160 de la Marine nationale survole Grandcamp-Maisy, dans le Calvados. "Je voyais l'hélicoptère quadriller la zone, au loin. J'espérais qu'ils m'aient repéré et c'était bien le cas. Quand ils sont arrivés, c'était la délivrance", sourit Vianney, désormais "heureux d'être en vie et d'avoir retrouvé [sa] famille".
Je n'imaginais pas qu'il y avait tant de personnes derrière moi, tant de moyens déployés. C'est chouette de pouvoir les rencontrer aujourd'hui.
Vianney, véliplanchiste de 27 ans
De son côté, la préfecture maritime de la Manche avait fait savoir par communiqué que le véliplanchiste "conscient et vivant", avait été "évacué par ambulance vers le Centre hospitalier public du Cotentin (CHPC)". Quelques jours après son incroyable sauvetage, jeudi 26 décembre, Vianney a rendu visite aux secouristes qui lui ont sauvé la vie. Une occasion de les remercier et de se consacrer à son prochain projet, vraisemblablement moins risqué : rejoindre son frère aîné en Nouvelle-Zélande.