A Moulins, dans l'Allier, comme partout en France, les restaurateurs ont mis la clé sous la porte en raison de l'épidémie de Coronavirus COVID 19. Certains ont décidé de se lancer dans la vente à emporter.
Depuis dimanche dernier, les restaurants ont interdiction d’ouvrir en raison de l'épidémie de coronavirus COVID 19 . Pour perdre le moins d’argent possible, certains continuent leur activité en faisant de la vente à emporter. Ne pas perdre leur clientèle, continuer à payer les factures. Et apporter un service aux habitants confinés. De nombreuses motivations pour rester ouverts.
« Le premier jour, il n’y a eu qu’une personne, qui passait par là, par hasard. Le deuxième, deux personnes sont venues, hier, j’ai vu une dizaine de personnes et puis aujourd’hui, je vois d’autres gens arriver. » Stéphane Neef, restaurateur à Moulins a eu la bonne idée d’inscrire « la vente à emporter » dans les statuts de son restaurant, « Le face à face », ouvert en 2018. Une option restée inexploitée jusqu’ici mais aujourd’hui, le coronavirus oblige à innover. Un restaurant plutôt haut de gamme niché tout près de la cathédrale de Moulins qui aujourd’hui fournit poulet à la truffe ou noix de Saint-Jacques à emporter. « Nous espérons que ça va marcher, que l’info va se propager sur les réseaux sociaux ».
Ce qui va manquer, c’est l’argent pour acheter»
Le cuisinier est derrière sa plancha. Jusqu’au week-end dernier, les plats étaient préparés devant les clients au beau milieu de la salle de restaurant. « Aujourd’hui, le cuisinier est toujours au milieu du restaurant mais dans un espace fermé. Les clients arrivent un par un et restent dehors » explique Stéphane Neef. « Nous gardons les gestes barrière ».
La carte a été un peu adaptée mais le restaurateur peut continuer à proposer les mets habituels. « Nous avons de la marchandise et un de nos fournisseurs livre toujours. Ce qui va manquer, c’est l’argent pour acheter.»
Le restaurateur le reconnaît, mettre en place de la vente à emporter, c’est « un geste symbolique qui ne compensera pas la perte de chiffre d’affaires. Mais si nous ne travaillons pas, nous, les restaurants, nous n’avons plus du tout d’argent. Le président de la République avait annoncé la suspension des charges, mais mon comptable vient de me prévenir que l’URSSAF s’apprêtait à prélever ce que nous leur devons.»
« A la fin du mois, il y aura aussi le crédit à payer à la banque »
Gagner ne serait-ce que quelques euros, c’est ce qui motive aussi Van Em Mai. Il a ouvert son restaurant vietnamien « Viet to wok » sur une grande artère de Moulins il n’y a même pas un an. La vente à emporter, il en a toujours fait, elle lui rapportait entre 500 et 700 euros par jour. Aujourd’hui… entre 50 et 90 euros… « Si ça continue comme ça, je ne sais pas si je vais pouvoir tenir longtemps. Mais 50 euros, c’est déjà ça, je peux payer certaines choses, même si c’est peu » Ce restaurant a perdu 90 % de sa clientèle, il pouvait servir jusqu’à trente couverts. L’unique employé a été mis au chômage partiel. « Nous sommes restés ouverts car nous avons beaucoup de stock, du poisson, des aliments secs. Si nous ne les écoulons pas, nous allons tout perdre » explique ce restaurateur. « Et à la fin du mois, il y aura aussi le crédit à payer à la banque ».
Van Em Mai pense aussi à ses clients fidèles qu’il continue de voir. « Nous servons de dépannage. Un de nos clients travaille toute la journée, il a du mal à faire des courses car à chaque fois, il y a une file d’attente ».
Même envie de rendre service pour le restaurant « Le face à face ». « Nous gardons espoir que les gens puissent rester en relation » confie Stéphane Neef. « Nous sommes dans le quartier historique, il y a des petites mamies qui ne peuvent pas se déplacer pour aller au supermarché. Dans le secteur, il y a aussi plusieurs administrations. Et puis on ne va pas manger que des pâtes, alors qu’il existe des alternatives ! »