Un évènement d'artisanat exceptionnel a eu lieu à Chemilly, au sud de Moulins, le week-end dernier : des coulées de cloches par des fondeurs venus d'Alsace. Ils ont offert au public bourbonnais la démonstration de leur savoir-faire, des méthodes qui remontent à l'époque médiévale.
Recouverts par la terre, les moules sont fait d'argile. Pas d'industrie, pas de machines. A Chemilly, près de Moulins, c'est la main qui fabrique la cloche. Pour les fondeurs de cloches, venus d'Alsace, cet art relève du quotidien. Mais deux heures avant la coulée, les curieux sont déjà nombreux pour assister à la démonstration exceptionnelle d’un savoir-faire médiéval. Julien Calcatera, fondeur de cloches, raconte : "Ça nous permet de nous différencier des productions industrielles, standardisées on va dire. Chaque cloche est unique : elle est faite pour l'occasion, pour le client."
Une occasion bientôt scellée. Sous les yeux de l'organisateur Éric Chomel, les fondeurs abattent une cloche emblématique de la carrière du campaniste. Elle sera refondue, pour lier l'Alsace et Chemilly par le bronze, véritable symbole de cette journée. "Ça me touche : une cloche c'est magnifique, c'est beau, ça rythme le quotidien des gens. Je pense que les gens n'ont pas suffisamment conscience de ça », explique l’organisateur.
Une tradition venue du Moyen-Age
Pour les Bourbonnais venus nombreux, c'est maintenant le temps fort du spectacle. Les artisans commencent par une série de cloches commandées par des particuliers. Le silence est collégial : l'opération est délicate. Le final se passe de nuit. Du bronze en fusion pour seule lumière, les fondeurs ne prennent que quelques minutes pour vider le four dans le moule. Une représentation qui s'inspire elle aussi des traditions du Moyen-Âge.
Julien Calcatera explique pourquoi les fondeurs ont fait le déplacement : "On ne pouvait pas transporter des cloches facilement, des cloches de grosse taille. C'était beaucoup plus simple de les fabriquer sur place, le plus près possible de l'église. Nous on fait ça dans l'esprit de ce qui se faisait au temps des fondeurs itinérants, mais sans faire une copie. Malheureusement on ne peut pas venir s'installer plusieurs mois sur site." Si quelques minutes ont suffi à la coulée, il aura fallu toute une nuit pour que les cloches prennent forme. À l'arrivée, c'est la surprise, tel un cadeau que l'on déballe. La grande cloche doit faire un dernier aller-retour à Strasbourg, pour ses finitions. Après quoi, elle sera exposée dans la commune de Chemilly, pour les siècles des siècles.
- Propos recueillis par Mathis Merlen, France 3 Auvergne