Après la mort du négationniste Faurisson à Vichy, la cité thermale raillée sur les réseaux sociaux

Après la mort du négationniste Robert Faurisson, dimanche 21 octobre à Vichy, des habitants et élus s’insurgent contre des amalgames, faits sur les réseaux sociaux, entre le régime collaborationniste de Pétain et la ville qui a accueilli son gouvernement.
 

L’annonce de la mort du négationniste Robert Faurisson chez lui à Vichy place de nouveau la cité thermale - bien malgré elle ! - sous le feu des projecteurs. Et ravive des braises jamais vraiment éteintes, depuis plusieurs décennies. Le souvenir d’une sombre époque laissé par le régime de Pétain qui, en 1940, établit le siège de son gouvernement à Vichy.
« Cet homme, mort dimanche soir dans la ville thermale qui incarne la mémoire du régime collaborationniste de Vichy, soutenait que le génocide des juifs par les nazis était un mensonge destiné à récolter des dommages de guerre », écrit notamment l’AFP dans une dépêche.

Le spectre de la collaboration avec les nazis, associée à la ville, ressurgit. Et sur les réseaux sociaux, des internautes s'en donnent à coeur joie, avec une ironie plus ou moins cinglante  : "un négationniste qui meurt à Vichy, on aura tout vu !", réagit l'un d'eux. "Vichy, c'est bien ce qu'il fallait pour ce pétainiste, bon voyage en enfer" estime un autre. "Robert Faurisson figure de l'extrême droite, négationniste, mort à... Vichy. Fallait le faire quand même, il s'est peut-être installé là-bas par nostalgie", commente un troisième.
 


Même la députée Clémentine Autain s'est laissée aller à un petit commentaire qui a fait des vagues sur Twitter : "Robert Faurisson est décédé. A Vichy comme il se doit", écrit l'élue LFI de Seine-Saint-Denis. Avant de vite rectifier le tir : "je précise que je parlais de l'Etat français qui était installé à Vichy avec Pétain. Il n'est pas question de salir la ville et ses habitants aujourd'hui", a-t-elle précisé.
 
"On va dire que c'est une maladresse", estime Frédéric Aguilera, le maire LR de Vichy, qui a pris la peine de contacter la députée. "Je l'ai eue au téléphone. Elle a immédiatement compris que les Vichyssois n'en pouvaient plus de cet amalgame et réagit dans le bon sens", dit-il.
Le sujet est sensible, pour ceux qui dénoncent un "raccourci entre Vichy et Pétain". Et l'exaspération n'est pas née d'un tweet.
"Pour les Vichyssois, c'est toujours quelque chose d'extrêmement douloureux", renchérit l'élu de la cité thermale. "C'est en permanence, c'est tous les jours, quand ce n'est pas moi qui me fais insulter en tant que maire de Vichy sur les réseaux sociaux", assure Frédéric Aguilera, qui y voit quelque chose de "symptomatique", et nous renvoie à ses mots prononcés dernièrement lors de l'inauguration d'une stèle en mémoire de Michel Crespin, le plus jeune déporté de l'Allier. 
 

Un raccourci blessant


"Cette stèle vient aussi rappeler que partout, à Vichy comme ailleurs, des Français ont été ostracisés, brimés, blessés, déportés, lâchement assassinés.
Oui, le gouvernement du Maréchal Pétain avait choisi de s’installer ici, sans être invité. Mais non, les Vichyssois ne sont pas responsables des carnages causés par ces hommes politiques contraints de fuir Paris. La présence du gouvernement de l’Etat Français à Vichy a dégradé de manière profonde l’image de notre Ville. L’utilisation inappropriée de « Vichy », pour désigner un régime politique infamant, est blessante pour tous les Vichyssois. Elle révèle l’incapacité que nous avons, en France, à regarder cette période en face. Une forme de déni. Une manière de dire : « ce n’était pas Paris, donc ce n’était pas la France
», a-t-il déclaré dernièrement.

Un sentiment d'exaspération qui s'exprime aussi sur les réseaux sociaux. Dans un tweet plus apaisé, la députée LREM de l'Allier, Bénédicte Peyrol, tient à relativiser la référence quasi-systématique à Vichy, après le décès de Robert Faurisson.
   
La ville rappelle que la première délibération du conseil municipal de Vichy pour demander que cesse l'amalgame date de... novembre 1944. Pour faire passer son message, aujourd'hui, elle envisage aussi d'utiliser la "force de frappe" des réseaux sociaux. "On peut avoir des actions de communication extrêmement fortes. On est en train de réfléchir à cet aspect-là", confie Frédéric Aguilera.
 
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