Gare de Vichy : la belle histoire d’un destin impérial

La gare de Vichy est opposée à la gare de Lyon Saint-Exupéry dans un concours, celui de la plus belle histoire de gare. Vichy met en avant son patrimoine impérial, une histoire hors du commun.

Lyon contre Vichy : deux gares atypiques d'Auvergne Rhône-Alpes s’opposent lors du concours national de Gares & Connexions, branche de la SNCF. Les internautes devront désigner laquelle raconte la plus belle histoire. La lauréate affrontera les gares gagnantes des autres régions. Vichy met en avant ses atouts, par la voix de Fabienne Gelin, responsable des Fonds Patrimoniaux de la Ville de Vichy : "C'est une gare qui a une assez longue histoire puisqu'elle a été édifiée en 1862. Le projet de gare à Vichy était beaucoup plus ancien parce que dès 1848, il y a eu une demande du Conseil municipal. C'est la venue de Napoléon III qui va déclencher sa construction. Lorsqu'il vient à Vichy en 1861, il vient se soigner d'abord, mais aussi cherche une ville d'eau à lancer pour concurrencer les grandes stations allemandes de l'époque.”  

Caprice impérial ou besoin impérieux ?

L’empereur est alors obligé de s'arrêter à la gare de Saint-Germain-des-Fossés, à quelques kilomètres de Vichy. La ligne de chemin de fer n'arrive pas encore jusqu'à la station thermale, ce qui ne plaît pas du tout au chef d’Etat. Il prend immédiatement des mesures : “Il arrive le 4 juillet et le 27 juillet, il signe un décret dans lequel figure toute une série de grands travaux pour transformer la ville, avec en première ligne la construction d'une gare.” Cette gare avait déjà été réfléchie depuis 1856, des plans étaient déjà existants : “Ce n'est pas un caprice impérial, c’est un besoin important pour faciliter l'accès à la ville d'eau et aux soins”, précise Fabienne Gelin. 

Une gare luxueuse

D'aspect extérieur, elle ressemble à beaucoup de gares du XIXème siècle. Conçue par l’architecte Denis Darcy, elle se distingue par ses équipements, “beaucoup plus importants” que ceux d'une gare de ville classique : "Elle est destinée à accueillir et à faciliter l'accès aux curistes et on prévoit un afflux important de baigneurs grâce à ces grands travaux qui sont lancés. Il y a 4 salles d'attente de prévues. Il y en a 3 pour ceux qui partent, une première classe, une 2e classe, une 3e classe, et une salle d'attente pour les gens qui arrivent. Il y a aussi un grand salon. C'est ce qui fait son intérêt majeur, un grand salon d'été avec un décor extrêmement luxueux qui est destiné à afficher le prestige de la ville d'eau auprès des grandes personnalités qui vont forcément se précipiter à Vichy à la suite de l'empereur”, explique ainsi Fabienne Gelin.  

Un lieu de diplomatie

Napoléon III impose en parallèle une série de grands travaux, comme l'endiguement de la rivière et la création d'un parc, d’une nouvelle église, d’un nouveau casino. "Tous ces grands travaux vont lancer la station et démultiplier le nombre de curistes qui viennent à Vichy. Il y a non seulement les gens qui viennent se soigner, mais aussi d’autres qui viennent simplement se distraire. Il y a là toute une série de propositions de loisirs sportifs ou culturels." Mais Vichy devient également un lieu diplomatique stratégique : “On vient parce que l'empereur est à Vichy. Il va venir 5 fois au total. Une part de diplomatie se jouait. Ce n’étaient pas forcément des échanges diplomatiques très officiels, mais quand le roi des Belges vient ici pendant qu'il y a l'empereur, il est bien évident qu'ils ne vont pas parler que de leurs problèmes de calculs. Il y a des tractations qui se font également avec des ambassadeurs pour résoudre la question italienne.” 

La Russie est également accueillie en grande pompe. “Quand le Grand-Duc Alexis, qui était le frère du Tsar de Russie, arrive en 1891 tous les édiles locaux viennent l'accueillir à la gare. Il y a des grands arcs de triomphe qui sont élevés. Cette vocation d'accueil international expliquait le soin qu'on avait apporté et l'argent qu'on avait mis dans l'aménagement, en particulier du salon d'honneur”, indique Fabienne Gelin.  

Lyon, un sérieux concurrent

Face à cette gare chargée d’histoire, Lyon Saint-Exupéry se défend : “1994, un gigantesque oiseau dessiné par l’architecte espagnol Santiago Calatrava surplombe la gare. Il faudra attendre le début du millénaire pour le voir prendre son envol. Avez-vous déjà vu un oiseau de 400 mètres de long ? C’est la prouesse architecturale réalisée par Santiago Calatrava en gare de Lyon Saint-Exupéry. Qui s’appelait autrefois Lyon-Satolas… Alors, pourquoi changer de nom en juin 2000 ? Tout simplement pour rendre hommage à Antoine de Saint-Exupéry. Le célèbre aviateur et écrivain français auteur du Petit Prince est un natif de Lyon. Sans le savoir, Santiago lui construisait en 1994 un oiseau majestueux… Peut-être pour s’envoler une dernière fois vers l'astéroïde B 612 ?” peut-on lire sur le site du concours.  

Fabienne Gelin salue la concurrence : “Je trouve l'architecture de la gare de Saint-Exupéry particulièrement intéressante. Cependant, l'histoire de la gare de Vichy est particulière parce que c'est une histoire impériale. La venue de l'empereur a déclenché l'éclosion de ce qu'on a appelé la Reine des villes d'eau.” L'antériorité et le destin impérial de la ville pourraient permettre de distinguer Vichy aux yeux des internautes. Pour voter, cliquez ici !